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178            HISTOIRE DES DEUX ANTOINE

offert un excellent déjeuner dans sa villa sur la Saône.
   Ce déjeuner parfaitement digéré depuis 36 ans, m'est
revenu à la mémoire par la rencontre que je viens de faire
de M. Valentin-Smith, qui, avec ses 90 ans, vaillamment
portés, se promène encore en tramway et prend toujours
intérêts aux séances de l'Académie, sans avoir perdu son
entrain juvénile d'autrefois.
   Si Grimaud et Mme Schimper sont des types légendaires
de notre génération d'ingénieurs (Berchoud et Mme Sévi-
gné ont bien immortalisé Vatel), M. Valentin-Smith est
une figure presque historique de notre région, car pendant
60 ans il a toujours été sur la brèche.
   En 1830, procureur du roi à Saint-Etienne, il était déjà
remarqué; de 1836 à 1840, je l'ai connu conseiller à Riom,
où son intimité avec Rouher et de Morny lui ont donné
plus tard de hautes relations alors imprévues ; conseiller à
Lyon, puis à Paris dans les sommités de la magistrature, il
s'occupa toujours avec ardeur de son pays d'origine : Il
fut un des promoteurs du dessèchement de la Dombes ;
secrétaire de la grande Commission générale des chemins
de fer sous le ministre Dufaure dont il était l'ami ; il fut
aussi collaborateur érudit et zélé de Napoléon III pour
l'histoire de César. Cette collaboration lui fit donner l'im-
portante mission, dans des conditions spéciales missi domi-
niez, d'aller à Londres étudier la Détention préventive que
l'Empereur voulait supprimer.
   La Commission pour proposer la loi fut brusquement
dissoute par les événements de 1870.
   (Les prévenus détenus n'ont donc pas lieu de s'en félici-
ter, comme beaucoup d'autres, du reste.)
   Enfin, M. Valentin-Smith, ancien conseiller général de
l'Ain, voyait toujours ses services très recherchés.