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ET DU VIEUX PONT MORAND 139 Ce beau projet, avec trois arcs en tôle d'acier de grandes dimensions et très surbaissés, n'ayant que deux piles dans le Rhône, paraît satisfaire à toutes les conditions exigées par la voirie urbaine, la navigation et les riverains dont les maisons ne sont plus menacées ni par les inondations ni par les remblais. Pour les piles, on doit employer le système des caissons à air comprimé, dernier perfectionnement apporté dans l'art de fonder les ponts à de grandes profondeurs. Pour les arcs métalliques, on appliquera de même les inventions les plus récentes expérimentées déjà pour les travaux de ce genre. Le nouveau projet paraît donc cette fois résumer tous les progrès de l'art moderne (18). Avant de souhaiter la bienvenue au nouvel arrivant, qui se présente hardiment sous le patronage de nos jeunes camarades Girardon et Tavernier, faisons nos sympathiques adieux à notre vieux voisin, qui pendant plus d'un siècle a transporté, sans accident notre génération, celles de nos pères et grand-pères, et pour nous se trouvait lié au sou- venir des bons et des mauvais jours de notre histoire. Avant qu'il soit démoli on s'en dispute les restes ; on prétend que les amateurs de meubles en vieux chêne, ont déjà spéculé sur le bon parti que l'on pourrait tirer de ses pilotis séculaires bien conservés, en les transformant en bahuts du temps de Henri II. La jeunesse est une si belle chose, que plus on s'en éloi- gne, plus on y pense. Or donc quand j'étais très jeune, on me lisait les contes de Mme d'Aulnoy, où de bonnes fées se présentaient au berceau d'un jeune prince, et faisaient des