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ET DU VIEUX PONT MORAND *37 près ruiné; les gens riches faisaient une très petite excep- tion. On éleva très peu de constructions aux Brotteaux, toujours submersibles aux moindres crues. Le pont Morand n'était fréquenté que les dimanches et fêtes; mais alors la foule y passait à flots continus, la popu- lation tout entière le traversait, pour aller se promener dans les saulaies, puis se reposer dans les nombreuses guinguettes qui s'y étaient établies. Tous nos contemporains ont encore le souvenir des montagnes russes, joujou de bonne compagnie, qui prélu- dait d'une manière dangereuse à l'établissement sérieux des chemins de fer. Ils ont aussi dans leurs oreilles le refrain populaire, alors dans toutes les bouches : Allons aux Brotteaux, ma mie Jeanne, allons aux Brotteaux, car il fait beau (16). Un des bras du Rhône connu sous le nom de la grande Lône, à l'emplacement du lac actuel, attirait pendant l'été les amateurs de natation, qui préféraient ses eaux vives à celles de la Saône ; c'est pour moi un bon souvenir. En 1826 seulement, de véritables constructions com- mencèrent, lorsque le cours Morand fut relevé à son niveau actuel. On fit sous la Restauration le tracé de toutes les rues; leurs noms primitifs indiquaient parfaitement l'époque de leurs baptêmes. Sans vouloir faire de la politique, je crois pouvoir dire qu'on a eu tort d'effacer ces anciens noms, présentant un intérêt historique; les nouveaux ne disent rien, ou disent des mensonges. Les rues nouvelles furent remblayées peu à peu ; enfin après 1830 fut établie la première digue de la Tête-d'Or.