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126 HISTOIRE DES DEUX ANTOINE Devenu adjudicataire des travaux, Perrache commença la chaussée qui porte son nom. Les opérations languirent d'abord faute d'argent; enfin un emprunt de 1,500,000 livres contracté à Gênes, permit de la terminer presque complètement en 1776. Encouragé par le succès du pont Morand, on s'occupa d'un pont de bois sur la Saône à la Mulatière ; le projet et les travaux furent confiés à l'ingénieur Lattier. Perrache fut beaucoup moins heureux que Morand ; les crues du Rhône et de la Saône lui causèrent de graves dommages; il fut abreuvé de chagrins. Heureusement sa sœur, femme capable et dévouée de- vint dans son infortune, son aide et son soutien. Au milieu de ses travaux, en octobre 1779, Antoine Perrache termina tristement sa laborieuse carrière, son œuvre étant à peine commencée ; il devait avoir plus de éo ans. MUe Perrache accepta son héritage, elle se mit très cou- rageusement à la tête de l'entreprise, dont elle conserva la direction jusqu'en 1782; mais de toute manière elle avait pris une tache au-dessus de ses forces, n'ayant pas auprès d'elle son frère pour la soutenir, comme elle l'avait sou- tenu. Les associés reprirent l'affaire, et Mlle Perrache se re- tira avec une rente viagère des plus modestes ; elle mourut dans l'isolement en 1784. La compagnie à bout de ressource, se tourna vers le Roi. Pour tous les malheureux, c'était encore une délégation de la Providence.