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ET DU VIEUX PONT MORAND 125 qui tendrait à prouver, que le bon sens est indépendant de la forme du Gouvernement. Morand, qui de son côté, avait aussi la foi, ne se consi- déra pas comme battu. Voyant qu'il fallait renoncer à son pont de pierre, il fit un nouveau projet de pont en bois, réduisant ainsi la dépense de plus des deux tiers. Il n'avait pas alors à sa disposition le fer, la fonte et l'acier comme nous les avons aujourd'hui ; il n'avait pas non plus la concurrence des usines aux abois, acceptant les plus grosses responsabilités, pour obtenir des travaux à des prix jusqu'à ce jour inconnus. La question du pont était accessoire; son but n'était pas d'élever un monument ; la chose importante pour Morand était la conquête des Brotteaux, et l'élargissement de la ville, dont le projet Perrache aurait fait un boyau. Il suffisait donc de pouvoir traverser le Rhône d'une manière sure et commode ; la plus économique lui parut bientôt la meilleure. La proposition du pont de bois fut l'objet de nombreuses objections : on se moquait d'un peintre décorateur qui avait la prétention de résister au Rhône avec quelques piquets, on fit même des caricatures, où l'on parodiait la médaille du pont de Neuilly, avec cette devise : Imprudentia cœpit ridente Rhodano {^imprudent s'attaque au Rhône, qui se moque de lui). Le grand pont de pierre de Neuilly était alors en cons- truction; commencé en 1768, il ne fut terminé qu'en 1774. Les Hospices de Lyon, propriétaires d'une grande partie