page suivante »
36 LES DÉBUTS ORATOIRES Est-ce que les auditeurs de Massillon se doutèrent, en écoutant et en applaudissant son éloquence, que la louange, montant à ses lèvres, passait cependant paf un cœur blessé et que l'admiration ne se faisait jour qu'à travers les ruines de l'amour-propre? Contenir des rancunes privées pour rendre hommage à la vérité, s'élever au-dessus des préjugés et des haines de parti a toujours été d'un grand esprit; nous verrons plus tard l'évêque de Clermont, comme le jeune oratorien en cette circonstance, en donner plus d'une preuve. Deux ans s'étaient à peine écoulés depuis l'apparition du professeur du Séminaire de Vienne dans les chaires de la cathédrale et de la chapelle des Carmélites, que ses supé- rieurs l'enlevaient à l'enseignement de la théologie et l'ap- pelaient à habiter la ville même, témoin de ses premiers pas dans une carrière où il lui répugnait si fort d'entrer et que l'obéissance seule paraissait lui faire embrasser (53). Son séjour dans la maison de l'Oratoire lyonnais, sur la côte Saint-Sébastien, fut d'assez courte durée, une année au plus, de septembre 1695 au mois d'octobre 1696. A la tête, il y retrouvait son ancien supérieur de Vienne, le P. André Ville, qui n'avait pas été sans doute étranger à ce changement de résidence et de fonctions (54). ($3) 9 septembre 1695. Le P. Jean-Baptiste Masseillon de Vienne à Lyon résider. Archives nationales. Fonds de l'Oratoire. MM. 586. ï" octobre 1696. Le P. Jean-Baptiste Masseillon de Lyon à Saint- Magloire pour y estre second directeur des ecclésiastiques. — Idem, page 88. (54) Le séjour de Massillon à Lyon est incontestable; M. l'abbé Blampiguon l'avait déjà relevé sur la liste triennale,, publiée le 25 juin