page suivante »
444 LA TOUK 1)K SAINT-DENIS ron belliqueux osât lui confier la garde de sa famille et de ses trésors. Au lieu d'être le berceau de guerriers illustres, elle devint l'héritage ou la conquête des Coligny, petits princes à peu près indépendants qui, nés au pied du Jura, sur l'emplace- ment d'une colonie romaine, s'agrandirent, dès le dixième siècle, et s'avancèrent le long de la rivière d'Ain jusqu'aux bords du Rhône. Lorsque, faisant trêve à leurs guerres, ces suzerains descendaient dans le pays, qui de leur nom s'appela si longtemps la Manche de Coligny , ils habitaient de préférence Saint- Germain d'Ambérieux et Saint-Sorlin, plus vastes et plus gran- dioses. Saint-Denis n'était pour eux qu'une résidence de chasse et de plaisir, à portée des forêts de Loyettes et de Chazey, mais pendant deux siècles les documents font défaut, on ne sail rien des événements et, jusqu'en 1232, où Béatrix apporta le Bas Bugey en dot à Albert de la Tour-du-Pin, son époux, l'histoire est muette sur la destinée de notre manoir, et c'est à la légende qu'on est obligé de s'adresser , pour obtenir un fantastique souvenir. La légende, renouant le fil des traditions, raconte que les châ- teaux des Allymes, de Saint-Germain et de Saint-Denis, étant échus à trois frères, ces malheureux, poussés par la même infâme pensée, soudoyèrent des meurtriers, et se firent mutuellement assassiner le même jour, avec l'espoir affreusement trompé pour chacun d'eux, de rester seul maître et possesseur de l'héritage de ses frères. Ces récits dramatiques amusaient les veillées, mais ils sont certainement issus de l'imagination poétique d'un trou- vère ambulant ou d'un vieux berger conteur, et l'histoire ne les a pas ratifiés. Nous retrouvons l'histoire véridique et sincère, au XIVe siècle, dans les livres des chroniqueurs , et surtout dans les vieilles pages de Paradin ,• là , nous apprenons qu'en 1316, une armée nombreuse de Savoisiens, de Bourguignons, de Lyonnais, de Suisses, d'Allemands vint, sous la conduite d'Ame le Grand, comte de Savoie, mettre le siège devant le célèbre et redoutable château de Saint-Germain, défendu par les Dauphinois. Confiant dans le nombre et la valeur de ses soldats, Anié IV voulait ven-