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424           EMPLOI DES BIENS   ECCLÉSIASTIQUES

avec des caractères différents et des traditions qui semblaient
se combattre. Ce sont, d'un côté, les Ordres religieux, tou-
jours en garde contre les innovations profanes qui auraient
voulu se glisser dans le temple, toujours prévenus contre
les envahissements du luxe et des enjolivures qui ne se-
raient propres qu'à flatter les yeux sans parler à la pensée,
sans rien dire au cœur.
   A côté d'eux ce sont des associés laïcs qui, épris d'un
saint amour pour l'art chrétien, lui ont voué leur vie en-,
tière. Ils travaillent pour l'art, purement par esprit de foi, et
méritent ce titre naïf et glorieux qu'on leur donnait de
 logeurs du bon Dieu.
   A la voix des Seigneurs et des Évêques, ces sociétés cos-
mopolites accouraient, chacun apportant sa truelle et son
marteau, son génie et son expérience. Pour salaire, on ne
leur donnait guère que le pain et l'eau de chaque jour.
Aussi bien , n'était-ce pas pour la terre qu'ils travaillaient ;
et, dans leur estime, l'œuvre divine était inappréciable a
prix d'or.
   Les sociétés laïques, dans leur chefs-d'œuvre comme dans
leur vie de pérégrination , étaient moins intérieures, moins
recueillies , moins austères que les sociétés claustrales.
Elles s'attachaient plus volontiers aux grâces extérieures ;
elles s'efforçaient de donner à leur œuvre un cachet de na-
turel et de fraîcheur, qui fût en rapport avec la naïveté de
leur imagination. Elles pensaient que le luxe et la profusion
des décorations seraient sanctifiés par l'idée chrétienne qui
les inspirait.

                            XXVI1.

  Rien n'est plus propre a rendre notre pensée, que la
comparaison de deux monuments qui sont, aujourd'hui en-