Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                         L'ÉGLISE DES MIN/MES.                            36!)
la nef, les voûtes furent effondrées pour ouvrir deux cours. La
partie du centre divisée en deux étages forma une vaste salle de
jeux au rez-de-chaussée, et deux étages de dortoirs au dessus.
L'abside du levant avait une large tribune voûtée en coquille
qui devint un troisième dortoir, et l'on trouva ainsi moyen de
loger 120 élèves, un personnel nombreux de maîtres et de
 domestiques, un matériel considérable, dans une seule église
trop oubliée si l'on envisage sa valeur sous le rapport de l'art
 et des souvenirs que ses pierres devaient rendre à jamais vivants.
    Le digne fondateur du petit séminaire, le père Détard, qui
 avait voué sa vie et ses rudes labeurs à la restauration des
 fondations catholiques, gémissait de ce triste état des choses
 et se berçait du doux espoir de ne pas mourir avant d'avoir
 rendu au culte l'église des pères Minimes. Son espoir fut déçu.
    Cependant, le couvent affecté à une caserne devint la propriété
 de son successeur pour le compte du diocèse. Les curieuses
 dispositions cellulaires en furent alors changées, les salles
 communes modifiées, les cloîtres fermés (1) ; l'aile occidentale
 disparut pour faire place à un bâtiment neuf à arcades qui n'a
 aucune valeur ni comme architecture ni comme disposition
 intérieure. Ces agrandissements permirent pourtant de débar-
 rasser la nef, de supprimer les étages des dortoirs, de refaire
 ensuite, avec des lattes crépies et des nervures en bois, ses voûtes
  effondrées. Le vaisseau, moins le chœur affecté précédemment au
 culte, apparut alors dans toute l'étendue de sa primitive majesté.
 Aujourd'hui, il sert de salle de récréation et de jeux scéniques.
 Mais il a perdu la tribune absidale du levant, dont les voûtes à
  trompes concentriques donnaient beaucoup dejeu à la perspective
  et dont l'arc ouvert sur la nef mesurait une portée des plus hardies
  dans sa courbe surbaissée. Il a également perdu l'escalier lourd
  mais très-monumental qui conduisait, sur son flanc nord, les
  Pères de leur cellule aux stalles du chœur. Les maçons de notre

   (1) Sous les arcades de ces cloîtres, Horace Leblanc, peintre de la ville de
 Lyon , en 1624 et années suivantes, avait peint toute la vie du fondateur des
 Minimes, Saint-François de Paule.
                                                                 M