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300          LETTRE DE M. UOLAN» DE LA l'LATIÈKE.

dent a paru augmenter les moyens et donner quelqu'espoir i
mais pouvons-nous en user? doit-il résulter des avantages de son
emploi ? C'est ce qu'il faut examiner.
   La Ville devra payer incessamment deux millons et plus, pour
lesquels elle ne se trouve guère que cent mille francs en caisse.
Pressés parles circonstances, vous avés nommé un député (1) pour
exposer à l'Assemblée nationale et au ministre l'état fâcheux de la
seconde ville du royaume, sa détresse, son besoin de secours.
   Il a été obtenu la permission de faire un emprunt de deux
millons, et vous avés été autorisés à vous faire avancer cinq
cens mille livres par le fermier des octrois.
   A ce premier apperçu, l'on est tenté de se réjouir et de croire
le mal presque réparé. Mais, en administration, et surtout eu
finance, il faut plus que des apperçus : on ne peut rien asseoir
que sur des bases distinctes et solides. Voyons les conditions
attachées à l'emprunt et à l'avance.
   1° Les deux millons empruntés seroient à rembourser en dix
ans, capital et intérêt. Avec quels deniers ? avec ceux que l'on
suppose pouvoir résulter d'une augmentation d'impôt, de taxes
personnelles, d'octrois, et des économies à faire. Or pouvés vous
augmenter en ce moment les charges de vos concitoyens? Le
reversement, en indemnité des divers droits supprimés, tels que
ceux de gabelle et autres, n'a-t-il pas augmenté les charges déjà
considérablement ? Et les octrois, dont le poids énerve le peuple
et affaisse l'industrie ; les octrois, dont la diminution devroit être
le fruit précieux des premières économies, sont-ils susceptibles
d'augmentation? Je ne le pense pas. Les moyens de rembour-
sement sont donc illusoires, et ne peuvent motiver la confiance
de faire un emprunt, qui, ajoutant encore à nos dettes, et pres-
surant nos facultés, mettroit le comble à nos maux.
  « Quant aux économies, sans doute il faut songer à en faire ;
mais connoissons-hous sur quoi nous pouvons les établir, et
devons-nous préalablement les supposer au risque de les voir
nulles ou insuffisantes?

  (1) M. Blot. contrôleur-général du bureau do la marque d'or et d'argent
à Lyon.