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                   CHRONIQUE LOCALE.
    La paix a fait revenir les esprits aux idées d'améliorations et d'embellisse-
 ments; les projets abondent, et rien que pour notre ville c'est par centaines
 de millions que se solderaient les dépenses proposées. Celui-ci reprend le
fameux plan de M. de Nonfoux, modifié, et offre de faire un canal de Jonage
 à Marseille, sans passer par Lyon ; celui-là construit, en beau marbre blanc,
un escalier gigantesque montant en droite ligne de Saint-Jean à Fourvières,
avec des caisses d'oranger à chaque repos et vroe exposition de tableaux le
 long des murs ; cet autre jette une escarpolette de Pierre-Scise au fort
Saint^Jcan et invite les passants à se servir de son invention comme d'une
passerelle ; cet autre établit une pompe à feu à Décine, pour arroser la
plaine du Dauphine ; une compagnie veut utiliser le chemin de fer de la
Croix-Rousse et en fait la tête de ligne du chemin de fer d'Allemagne par
Strasbourg et Besançon ; celui-ci, enfin, pour améliorer la navigation de
la Saône, propose de faire des remblais aux Brotteaux avec les rochers du
pont de Pierre, comme si la différence de largeur du lit de la Saône, en
haut et en bas du pont, n'était pas la seule cause de la différence du niveau
et comme si la navigation ne devait pas devenir facile, sans grands frais
et sans grands travaux, le jour où le quai Humbert élargi, c'est-à-dire le lit
de la Saône rétréci entre la Mort-Qui-Trompe et le temple des protestants,
on aura supprimé les cascades en rendant le cours de la Saône uniforme.
   Tous ces projets s'exécuteront sans doute un peu plus tôt ou un peu
plus tard, mais on est toujours tenté d'en sourire quand ils sont présentés
pour la première fois, comme on a souri lorsqu'il a été question d'ouvrir
dans les sables et les terrains mouvants des bords du Rhône, sous la Croix-
Rousse, une route qui est devenue le quai Saint-Clair, le cours d'Herbou-
ville et le faubourg de Bresse; comme on a souri lorsque l'ingénieur Morand
a proposé de jeter un pont entre les Terreaux et les terrains marécageux
et inhabités des Brotteaux, comme on a souri et fait plus peut-être, lorsque
le malheureux Perrache a proposé de construire une digue puissante qui,
rejetant le Rhône du côté du Dauphine, devait lier l'île Moignat aux prairies
d'Ainay et permettre de créer un nouveau quartier plus élégant que la rue
Mercière et la rue Quatre-Chapeaux.
   En attendant on abaisse la place des Minimes, on refait le Chemin-Neuf,
on modifie le quai des Célestins et on remplace par une terrasse et un bas
port les marches qui descendaient dans la Saône, dernier souvenir de l'an-
cien quai que nos vieux plans représentaient si pittoresque et si vivant ; on
continue le quai Saint-Vincent, on achève le quai de Joinville, les réparations
de l'Hôtel-Dieu sont à peu près terminées et on annonce, pour le 16 du
mois, l'adjudication des travaux qui se feront la campagne prochaine :
l'exhaussement et la rectification des quais de Retz, de l'Hôpital, de Saint-
Antoine et de l'Archevêché, pour mettre la ville à l'abri des inondations.
   — Le 28 août, le Cardinal-Archevêque de Lyon a béni solennellement la
partie achevée de l'église de l'Immaculée-Conccption, c'est-à-dire les trois
nefs jusqu'à la naissance du chœur. Ce tronçon promet une œuvre d'une
puissante originalité. Nous reviendrons sur cette création si belle et si neuve
de M. Bossan. Disons do suite que le modèle en plâtre de la statue de la
Vierge-Immaculée qui domine les fidèles du haut du tabernacle , révèle et
annonce un des meilleurs ouvrages du statuaire Fabisch.
   —L'œuvre immense de M. Desjardins, le Grand-Séminaire couvre et ter-
mine ses pavillons. Les lignes se découpent vivement sur le ciel, et la masse
générale prend un aspect vigoureux et accentué qu'on ne lui soupçonnait pas.
   — La nouvelle troupe d'opéra, tremblante au premier feu, a remporté
vaillamment la victoire. Les œuvres de nos grands maîtres pourront être di-
gnement exécutées cet hiver.                                      A. V.

                         Aimé    VINGTRINIER,       directeur-gérant.