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vers le midi de la Gaule; c'est à Rome même qu'il mène ses
légions. Son but est de pénétrer en Italie , d'aller se faire
reconnaître par le s é n a t , avec lequel il a de grandes intelli-
gences. Sévère l'a deviné, et déjà il le devance. Comprenant
de quelle importance il est pour lui d'empêcher l'exécution
d'un pareil dessein, il détache une partie de ses troupes pour
occuper les gorges des Alpes du côté de la Gaule , et avec le
gros de son a r m é e , il fait toute la diligence que les circons-
tances exigent et ^dont l'activité de son caractère le rend
capable. Donnant à tous l'exemple du courage el de la rési-
gnation dans les plus rudes fatigues, nulle difficulté ne le r e -
tarde ; tête nue , il brave les neiges et les frimas ; ne prenant
de repos qu'autant que le besoin de la nature l'y contraint,
il fait passer dans tous les cœurs l'ardeur dont le sien est rem-
pli. C'est ainsi qu'il réussit à prévenir la marche de son en-
nemi, déjà maître de Lyon, et qu'il court à sa rencontre près
de celte ville aux portes de l'Italie (1).
Trop habile général pour vouloir tenter un passage de ri-
vière , cas toujours désavanlageux à la g u e r r e , Sévère ne
franchit pas le Rhône (2).
Il débouche sur les Gaules, après avoir traversé le pays
des Nantuaies ; il franchit l'Ain , et rejoint le Rhône à Mexi-
mieitx ou à Montluel. De là , dirigeant une partie de son ar-
mée à l'ouest, il traverse le pays des Ségusiens vers la Saône,
près de Trévoux (3), et y prend position. Ce second campe-
(1) Voyez Gibbon , t. 1, ch. 5, p. 287 ; Tillemont, Hist. des Ernper., t. 3,
p. 406, note 18. Tous les historiens du temps, Hérodian, Dion, Spartien ,
Capitolinus, etc. Cette ville que Michelet appelle si poétiquement un œil
de l'Italie ouvert sur la Gaule. --
(2) Aucun auteur n'en parle.
(3) La plupart des historiens qui ont parlé de cette bataille, disent qu'il
faut lire Tivurtium au lieu de Tinurtium. Tout en ayant adopté celle opinion,
nous devons pourtant avouer que Trévoux ne se trouve pas sur les cartes an-
térieures à Sévère, entr'aulres dans Y Itinéraire d'Antonin. Spartien a dit: Apud
Tinurtium (Tournu).