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428 me avait obscurcis, dénaturés, embrouillés au préjudice de ses adversaires. Il l'effrayait parce qu'il s'y laissait voir en pos- session de documents rares et décisifs, qui dévoileraient concurremment avec les Mémoires complets du duc de Saint- Simon, toutes les manœuvres infâmes qui produisirent, en 1713, cette fameuse bulle Unigenitus, dont Massillcn lui-même disait qu'elle était moins pontificale que jésuitique. Dès le jour où parut ce volume, le journal qu'on appelait la trompette de l'ultramontanisme, c'est-à -dire YAmi de la religion et du roi, sonna l'alarme; les évoques, les séminaires et la tourbe des prêtres ignorants fermèrent leur porte à cette Histoire. La clameur qu'ils élevèrent contr'elle fut effrayante pour l'auteur ; il en suspendit la continuation, que les amateurs de la vérité seraient bien aises de trouver au moins dans son portefeuille. Il revint à la charge, de plusieurs autres manières, toute- fois sous l'anonyme, ainsi que dans l'ouvrage précédent; mais précaution inutile, car son genre de style et la tendance de ses écrits le faisaient aussitôt reconnaître. Ce fut d'abord, dès le mois de janvier 1825, un ouvrage publié par livraisons, qui forme quatre volumes intitulés : La France catholique^ dont ses savants collaborateurs lui déférèrent la direction, parcequ'il en était le rédacteur principal. Cet ouvrage, plein d'érudition ecclésiastique étant gallican,c'est-à -dire anti-jésuiti- que^ lafaction religieuse qui dominait en France faisait aux sous- cripteurs un scrupule de le lire, et il ne vécut que jusqu'au 1" janvier 1826. Les journaux politiques, qui en avaient cité plus d'un passage, donnèrent des regrets à sa cessation. De ce nombre furent le Journal des Débats du 31 janvier 1826, le Courrier français et le Globe du 26, le Constitutionnel du 29 du même mois, etc. C'était vers ce temps-là que le comte de Montlosier déclarait une guerre à mort aux jésuites et à leur formidable congré- gation de laïques, par un mémoire si fort de preuves et d'ar- guments qu'il fut comme un coup de foudre sur toute la secte ignacienne. Nous avons quelque raison de croire que ce