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trouve tout à coup troublée par la sonnerie de l'église Saint-
Pierre. Ce double écueil^ notre r e c t e u r , M. Soulacroix, l'a
rencontré pendant son discours. Sa voix a eu à lutter contre
l'intempestive et renaissante note du gros bourdon. Mais rien
n'a échappé pourtant à certaines oreilles, venues là exprès
pour entendre jusqu'au plus petit m o t , afin de le tordre et
d'en faire sortir un orage. Certes , à l'issue de cette solennité,
il ne serait venu à la pensée de personne qu'une accusation
d'impiété et d'athéisme pu être formulée contre l'orateur de
l'université. C'est cependant ce qui est arrivé. Yoici à quel
propos et pour quelle phrase , après avoir fait ressortir tous
les avantages et tous les bienfaits qui doivent résulter de la
création d'une Faculté des lettres au milieu d'une population
où une jeunesse nombreuse a besoin d'une direction intellec-
tuelle, M. Soulacroix se demande :

   A cet âge , dans l'entraînement des affaires et des passions, quelle voix
sera entendue? Les sublimes et sévères conseils de l'Evangile, à peine écou-
lés au premier âge, Irouveront-ils des oreilles dociles et des esprits sou-
mis?Il faut qu'une voix du MONDE et non du CLOITRE, attire cette jeunesse
sous le portique pour y passer des loisirs qui ne laisseront de regret ni à la
religion, ni à la morale; qu'elle parle à son esprit et à son cœur pour arriver à
sa conscience : elle doit plaire pour toucher, séduire pour convaincre, orner
l'esprit pour nourrir l'ame, et lui présenter des exemples de toutes les ver-
tus, non dans les BÉATITUDES CÉLESTES , mais dans les grands hommes
 qu'elle admire , qu'elle peut et doit espérer imiter un jour.

   Eh bien! sur ces quatre mots que nous avons mis en gros
caractères, M. Jacquemont a construit l'acte d'accusation le
plus complet et le plus habile que puisse faire un procureur
royal. Il a donc soulevé la polémique la plus étrange , polé-
mique dans laquelle, nous devons le dire , il y a eu de part
et d'autre bien' des paroles inutiles et malencontreuses. Il est
des personnes trop disposées à s'alarmer sur les périls que la
religion leur semble courir ; on s'imagine que l'arche sainte
va tomber à terre , si l'on n'y porte la main. Ce zèle inquiet et
bruyant n'est pas toujours fort charitable, ni fort modeste.