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r, 90 trouve tout à coup troublée par la sonnerie de l'église Saint- Pierre. Ce double écueil^ notre r e c t e u r , M. Soulacroix, l'a rencontré pendant son discours. Sa voix a eu à lutter contre l'intempestive et renaissante note du gros bourdon. Mais rien n'a échappé pourtant à certaines oreilles, venues là exprès pour entendre jusqu'au plus petit m o t , afin de le tordre et d'en faire sortir un orage. Certes , à l'issue de cette solennité, il ne serait venu à la pensée de personne qu'une accusation d'impiété et d'athéisme pu être formulée contre l'orateur de l'université. C'est cependant ce qui est arrivé. Yoici à quel propos et pour quelle phrase , après avoir fait ressortir tous les avantages et tous les bienfaits qui doivent résulter de la création d'une Faculté des lettres au milieu d'une population où une jeunesse nombreuse a besoin d'une direction intellec- tuelle, M. Soulacroix se demande : A cet âge , dans l'entraînement des affaires et des passions, quelle voix sera entendue? Les sublimes et sévères conseils de l'Evangile, à peine écou- lés au premier âge, Irouveront-ils des oreilles dociles et des esprits sou- mis?Il faut qu'une voix du MONDE et non du CLOITRE, attire cette jeunesse sous le portique pour y passer des loisirs qui ne laisseront de regret ni à la religion, ni à la morale; qu'elle parle à son esprit et à son cœur pour arriver à sa conscience : elle doit plaire pour toucher, séduire pour convaincre, orner l'esprit pour nourrir l'ame, et lui présenter des exemples de toutes les ver- tus, non dans les BÉATITUDES CÉLESTES , mais dans les grands hommes qu'elle admire , qu'elle peut et doit espérer imiter un jour. Eh bien! sur ces quatre mots que nous avons mis en gros caractères, M. Jacquemont a construit l'acte d'accusation le plus complet et le plus habile que puisse faire un procureur royal. Il a donc soulevé la polémique la plus étrange , polé- mique dans laquelle, nous devons le dire , il y a eu de part et d'autre bien' des paroles inutiles et malencontreuses. Il est des personnes trop disposées à s'alarmer sur les périls que la religion leur semble courir ; on s'imagine que l'arche sainte va tomber à terre , si l'on n'y porte la main. Ce zèle inquiet et bruyant n'est pas toujours fort charitable, ni fort modeste.