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384 laborieuse était l'enfance des jeunes Perses. Les plus ancien- nes législations grecques el romaines entraient à cet égard en des détails qui choqueraient la délicatesse moderne. Sous l'empire même des idées plus douces du Christianisme, on a toujours regardé l'éducation comme l'initiation à une vie de souffrance et de sacrifice. Les hommes les plus éminenls, de grands et bons princes, d'illustres écrivains, de vaillants guerriers el des politiques fameux ont été le résultat du sys- tème d'éducation un peu sévère de nos aïeux. Je ne prétends pas me constituer le défenseur de ce système ; mais je n'ose- rais dire que nous ayons acquis le droit de nous en moquer. Certes, Messieurs, il faut supposer pourtant qu'il y avait là quelque chose de noble et de fort pour avoir produit un si grand nombre d'hommes remarquables. Alors , sans doute , l'autorité du père et du maître était sévère , l'éducation exi- geante , la discipline rigoureuse et quelquefois dure à subir. Mais pour sortir de ces formes austères, notre époque n'a-l- elle pas donné dans un extrême opposé ? Le laisser-aller de l'éducation m o d e r n e , ses caresses excessives, le soin minu- tieux qu'elle met à tout aplanir sous les pas de l'enfant, ne doivent-ils pas énerver sa vigueur morale ! Voyez la nouvelle génération : vous y remarquerez de l'élan , de la spontanéité, quelque chose de brillant dans l'imagination , un premier jet magnifique, mais pas assez d'énergie et de profondeur. Les plus nobles caractères se d é m e n t e n t , les natures qui pro- mettaient le plus s'affaissent loul-à -coup. Il manque là ce qui fait persévérer, les grandes choses, le dévoûment, l'esprit de sacrifice , ces habitudes premières d'une vie forte et en- durante qui donnent à la volonté tant de ténacité et de ressort. Un fait nous a toujours frappés, Messieurs. Les maisons où nous fûmes jadis élevés, étaient, nous le c r o y o n s , in- férieures à celle ci, pour le soin minutieux des méthodes, elles moyens d'émulation. Cependant on y travaillait avec ardeur, et, à force de persévérance, on arrivait au progrès. Quelle