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duisit en cendres , et cela si rapidement, dit Sénèque, historien con-
cis de ce vaste embrasement, qu'entre une ville immense et une
ville anéantie il n'y eut que l'espace d'une nuit.
     Trajan prit pitié d'elle ; sous sa protection puissante, Lucii Du-
num commença à sortir de ses ruines ; bientôt sur la colline qui la
dominait s'éleva un magnifique édifice destiné aux marchés ; à peine
fut-il ouvert que les Bretons s'empressèrent d'y apporter leurs bou-
 cliers points de différentes couleurs et les Ibères ces armes d'acier
qu'eux seuls savaient tremper. En même temps Corinthe et Athènes
y envoyaient, par Marseille, leurs tableaux peints sur bois, leurs
pierres gravées et leurs statues de bronze; l'Afrique ses lions et ses
tigres altérés du sang des amphithéâtres , et la Perse ses chevaux
 si légers, qu'ils balançaient la réputation dos coursiers numides,
 dont les mères, dit Hérodote, étaient fécondées par le souffle du
 vent.
     Ce monument, qui s'écroula Fan 840 de notre ère, est appelé par
 les auteurs du neuvième siècle Forum Vêtus, et par ceux du quin-
 zième Fort Vieil; c'est de ce mot composé que les modernes ont
 fait Fourvières, nom que porte encore de nos jours la colline sur
 laquelle il fut bâti.
     Lyon suivit la destinée des autres colonies romaines ; à l'époque
 de la décadence de la métropole, elle échappa à sa puissance , et se
 réunissant en 532 au royaume des Francs, vint, à dater de cette
  époque , confondre son histoire avec la nôtre. Colonie romaine sous
 les Césars, seconde ville de France sous nos rois, le tribut de noms
  illustrés qu'elle paya à Rome à titre d'alliée, fut ceux de Germani-
  cus , do Claude , do Caracalla, de Marc-Aurèle , de Sidoine-Apolli-
  naire et d'Ambroise ; ceux qu'elle donna à la France à titre de fille,
  furent ceux de Philibert de l'Orme, de Coustou, de Coisevox, de Su-
  chet, de Duphot, de Camille Jordan, de Lemontey, de Lemot, de
  Dugas-Montbel et de Ballanche.
      Trois monuments restent encore debout dans Lyon, qui sem-
  blent les jalons plantés par les siècles , à des distances à peu près
  égales , comme des types du progrès et de la décadence de l'art ar-
  chitectural : ce sont l'église d'A'inay, la cathédrale de Saint-Jean et
  l'Hôtel-de-Yille. Le premier de ces monuments est contemporain de