page suivante »
bientôt quitter le Heu de ce passage-, je vois le sentier de la Croix-Rousse par où descendit une autre petite colonne ; une troisième filait en Bourg-neuf. Un long gémissement sortit de ma poitrine à l'aspect du claustral de l'Observance dont on avait fait un hôpital militaire ; nos frères couchaient dans cet asile de la douleur. Ignorant notre fuite, ils seront dans quel- ques heures au pouvoir d'un ennemi barbare. Nous entrons dans le jardin de la Claire, qui fut piaulé par Le Nôtre; c'était le lieu du rendez-vous. Quel fut mon élonnement d'y -voir avec Précy et son étal-major, seulement quelques centaines d'hommes1, l'envie me prit de rentrer en ville pour m'y cacher dans quelque coin, en attendant les événements. Celle idée vint à d'autres qui la suivirent. Cependant ce que nous ap- pelions la cavalerie de Précy nous arriva avec deux ou trois pièces de canon; le nombre des fantassins augmentait un peu; on nous range en bataille : celle opération fui longue. Les officiers et les sous-officiers étaient aussi nombreux que les sol- dats ; il fallut beaucoup prier pour faire mcllre à quelques- uns d'entre eux leurs épaiilolles dans leurs poches; on forma les compagnies, et l'on reconnût les officiers définitifs. Cela fait, on restait en bataille sans se mettre en m o u v e m e n t ; on altendait je ne sais quoi. Nous étions là depuis une heure de la nuit et le jour commençait à poindre. Précy paraissait fort gai, fort tranquille, en parcourant les rangs; on eut dit que son affaire était arrangée avec l'ennemi. « Il était grand jour quand nous nous ébranlâmes. » Ils se dirigèrent vers Saint-Cyr, Poieymieux, Villefranche, Alix, Saint-Bel, et ils furent arrclés par des dragons, et par des hussards dans les environs de Saini-î\omain-de-Poppey. « Vous êtes des braves , rendez-vous, leur crièrent les mi- litaires , nous ne vous ferons aucun m a l , nous ne vous pren- drons que -vos fusils, comme à Lyon nous vous avons pris vos canons. Bienlôt sans doute vous défendrez avec nous la république. Hous vous défendrons contre les paysans...