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contre les fureurs du parti vaincu le 29 m a i ; et une voix peu
oratoire, mais pleine de franchise, se fit entendre.
« Parmi les orateurs qui m'ont précédé, dit-elle, il en est qui
ont voulu nous faire pressentir que les officiers civils et mili-
taires de Lyon, que ceux qui ont donné l'impulsion au m o u -
vement énergique et généreux du 29 m a i , que ceux que les
montagnards appellent grands coupables , que ces h o m m e s ,
du n o m b r e desquels je suis , et je m'en fais gloire , sont un
obstacles à la réconciliation de Lyon; qu'en les abandonnant,
tous les obstacles seraient aplanis. S'il en était ainsi , ci-
toyens , nous vous dirions, comme autrefois Eustacbe do
Saint-Pierre et ses collègues aux habitants de Calais : Nous
voilà , nous allons nous mettre la corde au col et nous présenter
dans cet état au général ennemi. Mais ce n'est pas un ennemi
ordinaire celui qui vous menace, c'est une faction altérée de
sang, et qui ne pourra jamais se rassasier ; notre dévoûment,
qui ne sauverait p e r s o n n e , serait une démarche insensée ,
nous ne ferions que vous précéder à la guillotine et vous en
frayer le chemin. »
« Ces paroles peu oratoires, mais qui ne manquent pas de
franchise et d'énergie, ne sortirent pas , comme on l'a écrit,
de la bouche de Loyer; elles furent proférées par un homme
qui était assis à côté de lui, qui parla après lui, et cet homme
était L- F. Grognier. On applaudit, on cria aux a r m e s , et
l'on se sépara.
« Cependant une superbe jeunesse s'était organisée militai-
r e m e n t ; elle faisait tous les jours aux Brotteaux cinq ou six
heures d'exercice. Huit à dix mille beaux jeunes g e n s , tous
en veste et pantalon colanlde nankin, manœuvraient avec une
justesse et une élégance inexprimables; de nombreux essaims
de jolies femmes, groupées pour les voir et les admirer; une
belle v e r d u r e , animée par la saison la plus favorable ; quel
spectacle! quelle scène devait le suivre!!...
« Parmi ces jeunes gens pleins de joie et de sanlé, il en est
qui reviendront ici dans trois mois , les mains attachées der.