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 monde '..... Après avoir communiqué ses terreurs à six
 d'entre ses compagnons, saint Bruno se mit sous la pro-
  tection de saint Jean-Baptiste, l'ange des déserts, et Hugues,
 alors évêque de Grenoble, les conduisit dans les gorges
 solitaires de la Chartreuse, où s'élève aujourd'hui le cou-
 vent qu'on a appelé du nom de la montagne.
    Le petit torrent de la commune de Corenc me conduit,
 par un sentier qui traverse des vignes en espalier, pres-
 qu'au pied du château Boqueron, le plus irrégulier dans
ses formes, le plus bizarre dans ses constructions qu'on ait
 vu dans les temps anciens et que plus probablement encore
 on verra dans les temps futurs. On aime à voir et à enten-
 dre ce petit torrent dont les flots constamment divisés
 reproduisent pour les voyageurs qui suivent son cours
le double miracle de la colonne des Hébreux: la nuit, il les
guide par son murmure et le blanc argenté de son écume,
et il tempère par la fraîcheur de son brouillard les chaleurs
 trop fortes du jour.
    Le chemin se rétrécit, devient raboteux, raide et se
rapproche du sommet de Saint-Eynard. Derrière moi,
s'agrandit toujours davantage l'immense vallée du Grési-
vaudan que les sinuosités de la route permettent de voir
presque toujours et ne dérobent par intervalles que pour
la laisser voir encore plus magnifique.
  Le ravin devient profond, puis tout-à-coup il se comble et
disparaît. Une pi-airie l'a remplacé. Le nom de cette prairie
dépeint parfaitement le tableau que présentent la double
gorge qu'on laisse derrière soi et celles dans lesquelles on
entre, on l'appelle le passage des Quatre-Vents. Celte pre-
mière partie de la route, ce pi"emier sommet de la montagne
sont vivement animés par de nombreux attelages de bœufs
qui descendent des sapins dans la plaine. Je traverse un