Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                   229
 cadron Maléchard, qui devint ainsi, pour quelques jours, le second
 personnage de l'armée expéditionnaire.
    Soit qu'instruit de l'absence du général en chef, Achmet-Bey pensât
qu'il aurait meilleur compte de nos troupes, soit qu'il fut enhardi par
les propositions de paix qui lui avaient été faites, la sécurité du camp
ne fut pas de longue durée. Les rapports que recevait journellement
l'état-major, lui apprirent bientôt que le bey se mettait en mouve-
 ment avec ses troupes pour nous attaquer.
   En effet, le 20 septembre, le sommet de toutes les montagnes en-
vironnantes fut couvert d'ennemis; le 22, au lever du soleil, on vit
leurs masses s'ébranler en se dirigeant vers le camp; à onze heures,
leurs cavaliers arrivèrent sur les collines les plus rapprochées, un feu
assez vif s'engagea entre les tirailleurs. Ce jour-là cependant, il n'y
eut pas d'affaire sérieuse, parce que les Français, qui avaieut reçu
ordre de rester l'arme au bras, quand la fusillade viendrait de trop
loin, ne répondirent pas toujours au feu qu'on leur adressait. Mais
cette réserve, prise pour de la faiblesse par les agresseurs, les enhar-
dit; et, redoublant d'ardeur, ils allaient se ruer sur notre camp, s'ils
n'eussent été soudain retenus par quelques coups de canon. Ils s'arrê-
tèrent aussitôt, se remirent en grouppes, et regagnèrent les monta-
gnes d'où on les avait vu descendre la veille.
   On les croyait éloignés pour long-temps ; erreur : le lendemain ils
redescendirent, bien plus nombreux, et menacèrent en même temps
toutes celles de nos positions qui se trouvaient du côté et au delà de
la Seybouse. Attaquées avec vigueur, elles ne furent pas moins vi-
goureusement défendues par notre artillerie ; l'affaire dura trois
heures ; les Arabes rétrogadèrent vers midi, laissant à penser qu'ils
opéraient une retraite ; mais à deux heures on répandit le bruit
qu'ils avaient reçu des renforts et qu'ils étaient commandés parle bey
en personne. En effet, ils firent, sur le même point, une nouvelle
tentative plus opiniâtre et plus vive encore que les précédentes. Un
mamelon, que quelques pièces de canon protégeaient heureusement,
était le but particulier de leurs efforts ; ils se battirent avec acharne-
ment jusqu'à cinq heures du soir, et ne quittèrent la place que lors,
qu'ils eurent perdu tout espoir de succès.
  Sur le front du camp, il n'y avait eu que des affaires de postes,