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ici pures et limpides, formaient des routes toutes prêtes
dont les rayons sinueux s'étendaient, autour du Cliamp-
d'Asile dans toutes les directions, rendaient faciles ses
communications avec la mer et les pays circonvoisins.
   Ceux qui venaient tenter en commun l'exploitation de
ces richesses étaient au nombre d'environ six cents ; c e -
taient, pour la plupart, des Français auciens»membres de
l'armée, des employés civils destitués, des magistrats ar-
rachés de leurs sièges, des citoyens patriotes , tous pros-
crits ou mécontents par suite des événements politiques.
Parmi eux, s'étaient placés un certain nombre d'officiers
et de soldats étrangers qui, ayant appris à connaître les
Français en combattant à leurs côtés, avaient mieux aimé
suivre la destinée chanceuse de quelques-uns de ces an-
ciens compagnons d'armes que de rentrer dans leur pa-
trie. Cette preuve de sympathie et d'analogie de pensée
les faisait considérer au Champ-d'Asile comme frères,
comme Français. La femme d'un médecin, deux autres
dames qui avaient de même suivi leurs époux, et la fille
du général Rigaud, faisaient partie de la colonie. Ces qua-
tre femmes partagèrent toutes les chances de l'entreprise,
en subirent toutes les épreuves. Leur courage, leur per-
sévérance ne se démentirent pas un instant. Elles furent
sans cesse l'objet des attentions les plus assidues, des res-
pects les plus constants. A leur tour, elles prodiguèrent
 aux malades leurs soins angélîques, se montrèrent toujours
prêtes à rendre à quiconque en avait besoin cent petits
 services dont la femme, de sa nature patiente et adroite,
intelligente et ménagère, sait toujours s'acquitter mieux
que nous. Et quand une série de malheurs vint fondre
 sur la colonie et l'anéantir, ces dames ramenèrent sou-
vent le calme et l'espérance au cœur des désespérés 5 elles,