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ceux dont elle n'avait pu répandre le sang. Après avoir
échappé à l'Angleterre qui le retenait prisonnier à Malte,
il avait en vain cherché un asile dans Y Anatolie, la Turquie
d'Europe et la Perse, lorsqu'il se détermina à venir aux
Etats-Unis où son frère l'avait précédé. Celui-ci, dès son
 arrivée, avait été nommé général en chef de l'artillerie
des Etats-Unis, mais il renonça à cette position quelque
brillante et honorable qu'elle fût, parce qu'elle l'eut forcé
 à se faire naturaliser citoyen de l'Amérique du Nord et à
 renoncer, par conséquent à la Frauce, que ni lui ni ses
 compagnons ne voulaient oublier toute ingrate qu'elle était
 envers eux. Il accepta seulement l'offre amicale qui lui
 fut faite de prendre pour épouse une parente de Stêphen
 Girard, le plus riche capitaliste du Nouveau Monde. Ce
 furent ces deux frères qui, unis au vieux lieutenant-général
 Rigaud, entreprirent de réaliser l'association de tous les
 proscrits Européens, de leur donner une patrie par la
  création d'une colonie indépendante.
    Pour fixer le lieu de l'établissement projeté, on avait à
 choisir entre diverses contrées à peu près inhabitées et
 d'une prodigieuse étendue. Les idées de travail, de prospé-
 rité et d'indépendance qu'on avait déjà conçues firent
 qu'on décidât de se rendre au Texas. Cette province, située
 entre la Louisiane et la mer du Mexique d'une part et de
 l'autre entre les Etats-Unis et l'empire Mexicain, présentait,
  à une certaine distance de la côte, un sol très fertile, cou-
 vert de montagnes, de forêts encore vierges, et arrosé par
 plusieurs grandes rivières. Ony disait l'air salubre, le climat
 fort tempéré. Ceux qui avaient parcouru ce pays en ra-
  contaient des merveilles. Un Espagnol, en rendant compte
  de ses voyages, affirmait qu'au Texas toutes les pierres
  contenaient de l'argent. La question de propriété de ce