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  pouvoir envers ses amis et ses ennemis tout d'abord, k
  chacun d'eux elle fit sa part. Aux Talleyrand, aux de Pradt,
  aux Fouché, aux Bourmont, aux Guizot(i), à tous ceux
  dont la conduite avait été semblable à la leur, de hautes
 fonctions, des titres, des récompenses : ils avaient trahi
 l'honneur de la France pour servir le Roi. Aux Carnot,
 aux Bertrand, aux Labédoyère, à une foule de braves qui
 avaient voulu se sacrifier pour leur pays, à tous ceux qui
 avaient glorieusement lutté contre l'Etranger, comme sol-
 dats, comme fonctionnaires, comme fédérés; à tous ceux
 là, mort, captivité, ruine ou bannissement.
    L'ordonnance du 24 juillet x8i5 fut la première liste
 officielle des proscriptions méditées. La loi du 29 octobre
 suivant, contresignée de Gazes, l'étendit indéfiniment en
 régularisant le pouvoir dictatorial que les fonctionnaires
 de tous étages s'étaient déjà attribué contre la liberté des
 citoyens. Puis vinrent les commissions militaires, les cours
 prévôtales se disputant à l'envi la satisfaction d'attenter aux
 plus nobles existences. Au meurtre faussement légal se
joignit le meurtre des rues. Les deux généraux Faucher,
leurs collègues Chartran, Mouton-Duvernet, le maréchal
Ney, cités au hasard parmi les victimes de cette époque,
durent la mort à d'iniques jugements ; Brune, Ramel,
Lagarde, furent massacrés pat des hordes royalistes, mais
toujours la pensée de meurtre provint d'une même ins-
piration que l'histoire n'hésite pas à faire descendre des
Bourbons eux mêmes.
   Un pareil état de choses soumettait à trop de dangers, à


   (1) Louis XVIII rentra dans Paris le 8 juillet. C'est le 14 du même mois
que le rédacteur du Moniteur de Gand fut nommé secrétaire-général du mi-
nistre de la justice. Ou ne le fit pas attendre.