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133 assidu auprès d'un élève digne de ses soins, l'auteur lui re- met sous ses yeux toutes les parties de la morale qu'il lui avait souvent développées. Nous pouvons bien dire que si tous les avis qu'on donne à ceux qui entrent dans le monde ressemblaient à ce que nous lisons i c i , le jeune âge ne serait p l u s , comme dans Horace : Monitoribus asper, Utilium tardus provisor (1). L'auteur ressemble à ces sages Athéniens qu'on allait enten- dre discourir sur les devoirs de l'honnête homme ; c'étaient des amis, et non des maîtres ; mais aussi les auditeurs étaient des h o m m e s , et non des enfants. Nous n'avons plus aujourd'hui de lycée ni de portique; on prend la philosophie du côté des arts et des expériences ; on néglige la morale qui faisait l'élude des anciens. Il faut donc que les livres soient nos Platon. Celui de Pernelti est un modèle en ce g e n r e ; il comprend quinze chapitres, qui sont autant de leçons de sagesse , nous pourrions dire autant de traités de morale. Il est écrit avec politesse; il décèle dans l'auteur beaucoup de m œ u r s , de bon sens et de douceur de caractère. Il ne prend pas les hommes toujours au criminel, comme Pascal ; il ne les traite pas d'un air brusque, comme La Bruyère ; il ne les rend pas ridicules, comme on fait au théâtre ; il raisonne sur leurs défauts et leurs vertus; il montre ce qui les rendait aimables, honnêtes, utiles à la société; il indique les dégoûts et les désagréments qu'on rencontre au milieu d'eux ; en un m o t , sans être composé de vingt- quatre livres, comme l'Iliade, il ne laisse pas d'être aussi bien qu'elle .- Quid pulchrum , quid luvpe , quid utile , quid non (2). On rencontre dans ces Conseils beaucoup de maximes vraies et simples, comme celle-ci : « Lorsque le monde sourit aux (1) Epist. ad Pisonns. (2) Horat. Epist. î, 2.