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assidu auprès d'un élève digne de ses soins, l'auteur lui re-
met sous ses yeux toutes les parties de la morale qu'il lui
avait souvent développées. Nous pouvons bien dire que si
tous les avis qu'on donne à ceux qui entrent dans le monde
ressemblaient à ce que nous lisons i c i , le jeune âge ne serait
p l u s , comme dans Horace :
                                     Monitoribus asper,
              Utilium tardus provisor (1).
L'auteur ressemble à ces sages Athéniens qu'on allait enten-
dre discourir sur les devoirs de l'honnête homme ; c'étaient
des amis, et non des maîtres ; mais aussi les auditeurs étaient
des h o m m e s , et non des enfants.
   Nous n'avons plus aujourd'hui de lycée ni de portique; on
prend la philosophie du côté des arts et des expériences ; on
néglige la morale qui faisait l'élude des anciens. Il faut donc
que les livres soient nos Platon. Celui de Pernelti est un
modèle en ce g e n r e ; il comprend quinze chapitres, qui sont
autant de leçons de sagesse , nous pourrions dire autant de
traités de morale. Il est écrit avec politesse; il décèle dans
l'auteur beaucoup de m Å“ u r s , de bon sens et de douceur de
caractère. Il ne prend pas les hommes toujours au criminel,
comme Pascal ; il ne les traite pas d'un air brusque, comme
La Bruyère ; il ne les rend pas ridicules, comme on fait au
théâtre ; il raisonne sur leurs défauts et leurs vertus; il montre
ce qui les rendait aimables, honnêtes, utiles à la société;
il indique les dégoûts et les désagréments qu'on rencontre
au milieu d'eux ; en un m o t , sans être composé de vingt-
quatre livres, comme l'Iliade, il ne laisse pas d'être aussi
bien qu'elle .-
         Quid pulchrum , quid luvpe , quid utile , quid non (2).
On rencontre dans ces Conseils beaucoup de maximes vraies
et simples, comme celle-ci : « Lorsque le monde sourit aux

  (1) Epist. ad Pisonns.
  (2) Horat. Epist. î, 2.