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UNE VIEILLE MAISON LYONNAISE 437 C'était une des rares demeures bâties à la fin du xv e siècle, en pleine guerre d'Italie, par quelque riche et notable bourgeois de la ville, 'pourvue d'une de ces tours de guerre si communes autrefois et qui n'existent plus guère que dans ce vieux quartier Saint-Paul, hélas ! destiné, lui aussi, à sombrer dans la mer du passé. Artaud de Varey la fit construire en 1483. Elle a duré plus de quatre cents ans et ses mascarons grimaçants ont vu s'écouler la vie et l'activité de plusieurs millions de Lyonnais. Défigurée au cours des âges par des superfétations suc- cessives par des boisages malencontreux, on ne connaissait pas la belle ordonnance en bossages du rez-de-chaussée, et sa porte étroite et trapue, facilement défendue en cas d'assaut, était d'ordinaire deshonorée par des maculatures sordides. Ses derniers habitants furent de modestes commerçants, peu soucieux de l'âge vénérable, des destinées anciennes, de l'édifice qui les abritait, et cela n'a été que durant quelques jours, lors de sa démolition en 1895, quatre siècles et un an après le tournois où figura Bayard, que l'objectif du bon photographe Jacques Garcin saisit au vol les arcatures et les bossages de ce qui fut sans doute les « magasins ou opératoi- res » des anciens Varey. Ceux-ci jouèrent à Lyon le rôle des Médicis, à l'ambition près. En effet, si onentr'ouvre nos archives municipales et hos- pitalières depuis le XIIIe siècle et même avant, on trouve la vieille maison patrimoniale de la famille Pape. Dans cette maison, démolie en 1865 (?) pour la percée du tronçon qui va au quai de la Saône, naquit le célèbre jurisconsulte Gui Pape, de la branche catholique de cette famille, éteinte en 1752.