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taient une influence quelconque, Nemours, Epinac, le légat,
l'ambassadeur Mendoça, le Parlement, oubliant leurs jalou-
sies, leurs vues très différentes sur le but de la Ligue, se prê-
tèrent un appui loyal. Les prédicateurs et les Seize eux-
mêmes, si embarrassants en d'autres circonstances, ne furent
pas cette fois inutiles, car leur exaltation leur donnait prise
sur la foule des âmes simples et ardentesauxquelleson faisait
croire qu'il n'était pas permis d'ouvrir la porte à ce Béar-
nais, un excommunié, un damné. L'essentiel était que les
Parisiens prissent patience jusqu'à l'arrivée de Mayenne et
du duc de Parme. On trompait leur faim par des proces-
sions, des offices sans fin, des dévotions extraordinaires;
on entretenait leur sécurité « par des bayes et espérances ;
tous les- quatre jours lettres y estoient proposées que le
secours estoit fort proche d'eux, et en temps promis de son
arrivée l'on apportoit excuse de son retardement et nou-
velles espérances », et le bon peuple de Paris buvait « petit
à petit ceste médecine ».
   La gloire du siège revient principalement au duc de
Nemours, chargé de la défense militaire, et à l'archevêque
de Lyon, gouverneur civil de Paris et ministre des affaires
intérieures, si on peut dire que, dans ce désarroi et cette
universelle confusion des pouvoirs, il eût des attributions
exactement déterminées. En tout cas, en l'absence de
Mayenne, il était considéré comme le chef de la Ligue à
Paris; mais il agissait plus efficacement encore par son
autorité personnelle, et les Parisiens lui savaient gré de
manger bravement, comme les plus petits, le mauvais pain
de la Montpensier. Aussi, quand une députation de la Ligue
vint trouver le roi à Saint-Antoine pour des pourparlers de
paix qui n'eurent aucune suite, Henri IV lui fit très grise
mine, et dit que personne à Paris ne lui avait fait autant de
mal : reproche qui ne dut pas être désagréable à Epinac.