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i8o P1KRRE D ' É P I N A C taient une influence quelconque, Nemours, Epinac, le légat, l'ambassadeur Mendoça, le Parlement, oubliant leurs jalou- sies, leurs vues très différentes sur le but de la Ligue, se prê- tèrent un appui loyal. Les prédicateurs et les Seize eux- mêmes, si embarrassants en d'autres circonstances, ne furent pas cette fois inutiles, car leur exaltation leur donnait prise sur la foule des âmes simples et ardentesauxquelleson faisait croire qu'il n'était pas permis d'ouvrir la porte à ce Béar- nais, un excommunié, un damné. L'essentiel était que les Parisiens prissent patience jusqu'à l'arrivée de Mayenne et du duc de Parme. On trompait leur faim par des proces- sions, des offices sans fin, des dévotions extraordinaires; on entretenait leur sécurité « par des bayes et espérances ; tous les- quatre jours lettres y estoient proposées que le secours estoit fort proche d'eux, et en temps promis de son arrivée l'on apportoit excuse de son retardement et nou- velles espérances », et le bon peuple de Paris buvait « petit à petit ceste médecine ». La gloire du siège revient principalement au duc de Nemours, chargé de la défense militaire, et à l'archevêque de Lyon, gouverneur civil de Paris et ministre des affaires intérieures, si on peut dire que, dans ce désarroi et cette universelle confusion des pouvoirs, il eût des attributions exactement déterminées. En tout cas, en l'absence de Mayenne, il était considéré comme le chef de la Ligue à Paris; mais il agissait plus efficacement encore par son autorité personnelle, et les Parisiens lui savaient gré de manger bravement, comme les plus petits, le mauvais pain de la Montpensier. Aussi, quand une députation de la Ligue vint trouver le roi à Saint-Antoine pour des pourparlers de paix qui n'eurent aucune suite, Henri IV lui fit très grise mine, et dit que personne à Paris ne lui avait fait autant de mal : reproche qui ne dut pas être désagréable à Epinac.