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                       PIERRE D ' É P I N A C                I 85

et enfermé au château de Pierre-Scize. Bien qu'Epinac n'ait
pas ouvertement paru dans cette révolution municipale,
c'est une chose aujourd'hui acquise qu'il était de connivence
avec le duc de Mayenne pour soulever Lyon contre
Nemours. Peut-être espérait-il, par cette concession au
patriotisme des Lyonnais, les retenir encore dans la Ligue.
Mais les circonstances étaient plus fortes que son habileté,
et, le 7 février suivant, Lyon cria Vive le roi, malgré les
remontrances de l'archevêque.
   Du jour au lendemain, il devint suspect, pour ne pas dire
odieux. Son rôle était fini. Quand, les troubles passés,
Epinac put rentrer à Lyon, ce n'était plus le tout-puissant
chancelier de la Ligue, mais un évêque ordinaire. Il fit sa
soumission, mais avec des airs un peu hautains, sans avouer
aucun tort, sans rien renier de son passé, en grand seigneur
qui subit la loi du plus fort ; aussi le roi ne crut guère
probablement à sa sincérité, et se contenta de lui envoyer
quelques milliers d'écus pour secourir sa détresse. Il acheva
d'user ce qui lui restait d'activité dans des affaires médiocres,
de pauvres querelles de préséance. On pouvait croire du
moins que, libre des soucis de la politique, il allait se don-
ner entièrement à l'administration de son diocèse. Il n'en
avait plus la force morale, ni physique ; malade, fatigué de
corps et d'esprit, il traîna ses dernières années sans grande
considération, dans sa retraite d'Ombreval, et mourut le
10 janvier 1599, laissant indécis le jugement de l'histoire.

                                                REURE.