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             LES JULLIACIENS AU SIEGE DE LYON                   275

« tous ceux que vous pourrez décider. A Juilly, on n'apprend
« pas à trahir. Ceux-là seuls sont les bons ! »
   Que de tristesse! que de déceptions révèle cette lettre!
   Le découragement, toutefois, n'avait pas duré longtemps.
Aux heures du péril, a-t-on dit, les julliaciens se rapprochent
afin de mieux combattre et mieux mourir. Lorsque, réunis-
sant nos bataillons décimés, Villars marchait contre le prince
Eugène, il n'avait accepté, pour l'aider à sauver la France et
son roi, qu'un condisciple, le maréchal d'Artagnan-Mon-
tesquiou ( i ) . On pourrait citer des faits analogues pendant
les campagnes du xvni e siècle et de l'Empire, devant les
tranchées de Sébastopol, et, plus récemment encore, au soir
de la bataille de Loigny, alors que le général de Sonis (2),
pour sauver du moins l'honneur, tombait aux côtés du lieu-
tenant-colonel des zouaves pontificaux, Fernand de Trous-
sure (3).
   Fidèles à la tradition, pour éviter les traîtres et faciliter
l'entente parfaite, les petits académiciens d'antan, rappelant
leurs souvenirs, réveillant leurs amitiés passées, s'étaient
retrouvés et réunis.
   Quels étaient donc ces trente-cinq julliaciens décidés,
le 10 mars 1791, à tenter une contre-révolution, et battant
ainsi le rappel jusqu'auprès de leurs anciens maîtres ?
   Les identifier tous est impossible. Beaucoup trop d'entre
eux n'étaient pas Lyonnais d'origine; plusieurs dissimu-

   (1) Pierre d'Artagnan-Montesquiou, né en 1645, entré à Juilly le
13 octobre 1660, maréchal de France en 1709.
   (2) Le général Louis-Gaston de Sonis, né le 25 août 1825, élève
de 1838 à 1841, mort à Paris le 15 août 1887.
   (3) Marie-Fernand Le Caron de Troussure, né à Villiers-Saint-Bar-
thélemy (Oise), le 2 juin 1831, élève du 16 octobre 1843 au 15 juil-
let 1849, tU( i ; ' Loigny le 2 décembre 1870.