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262 CONSIDÉRATIONS SUR QUELQUES ÉCOLES tout comprendre et de tout aimer. Et quand, à bout de force, pour avoir trop suivi l'alouette infatigable, le poète sent la lassitude l'envahir, voici que la voix de la terre s'élève alors solennellement pour redonner du courage à son âme pensive : Non, tu n'as pas le droit de dormir, ô Poète, Et tu dois retourner sur tes pas, Voyageur : Aiguise ta faucille ; aux vignes, vendangeur ! L'Inconnu sourira peut-être à l'alouette ! Va confier ta peine aux brins d'herbe, aux oiseaux ; Aux arbres dis ta faim d'amour inassouvie, — Et l'Amour surgira des forces de la Vie Comme un ruisseau d'avril qui jaillit des roseaux. Si ton cœur se déchire aux ronces de la haie Songe que tu seras marqué du sceau divin : Laisse sculpter la coupe où l'Amour boit son vin ; Sois fier de ta blessure, Homme élargis ta plaie. Avec M. André Dumas nous nous promenons agréable- ment à travers de belles contrées. Son talent descriptif est fait d'une grande finesse servie par une habileté de métier remarquable. Il traduit les états d'âme des Paysages ( i) avec un bonheur qui ne va point parfois sans un peu de monoto- nie, mais non point aussi sans une caressante douceur. Ce poète repose. Sa lecture est agréable. Elle berce. Le senti- ment qu'il a de la Nature n'a rien d'apprêté. Il voit et il sait rendre ce qu'il voit. Voici les tristes vents annonceurs de décembre. Ils chassent devant eux l'automne qui s'enfuit, On dirait que le soir ne quitte plus la chambre Et l'on sent tout le jour l'approche de la nuit. (i) A. Lemerre.