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                   POÉTIQUES CONTEMPORAINES                       26l

         Et faites, ô mon Dieu, que si parle village
         passe un poète, un jour, qui s'enquière de moi,
         On lui réponde : Nous ne savons pas cela.
         Mais si. . . (oh! non, mon Dieu, ne me refusez point:. . .
         une femme venait demander où est ma tombe
         pour y mettre des fleurs dont elle sait le nom,
         qu'un de mes fils se lève et sans l'interroger
         la conduise en pleurant où je reposerai.


                                   *
                                  * *
   Francis Jammes demeure à Orthez; Adrien Chevalier
est de Die.
   C'est toujours, vous le voyez, le pays du soleil. C'est
aussi le pays des transparences, des ciels lumineux, des
horizons poétiques. La Muse de M. Adrien Chevalier par-
ticipe des grâces de sa belle patrie. Elle fleure la lavande et
le thym ; elle embaume les essences aromatiques des
Alpes. Elle interpelle dans son doux parler méridional
les hôtes de l'air : Hé ! Aloetle, s'écrie-t-elle (1) et
la petite alouette de l'inspiration se rend, docile, à la voix
qui l'appelle, et gazouille ses doux chants d'oiseau libre.
Elle monte au ciel de l'Amour et « vendange pour nous sa
vigne d'azur». Elle dit les hymnes du printemps, célèbre les
langoureuses nuits d'été. Elle volète dans la forêt qui pleure
sous la pluie propice aux sèves et aux bourgeons. Elle con-
temple frileusement les fines arabesques du givre sur les
vitres closes. Elle célèbre la fleur exquise du lilas blanc et
les neiges d'avril, au temps de la première communion des
pommiers et des poiriers. Elle s'enivre du parfum des roses
d'été, de la saveur des raisins d'automne. Elle tâche de


  (1) Biliothèque de l'Association. Paris.