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260        CONSIDÉRATIONS SUR QUELQUES           ÉCOLES

plicité. Il n'est pas égoïste. Il veut que les autres aient du
bonheur :
   O mon Dieu ! s'écrie-t-il :
            Bénissez la campagne et tous ses habitants.

   Il prie pour qu'un enfant ne meure pas. Il demande à
Dieu d'être simple, et d'aimer la douleur. Il prie pour que
le jour de sa mort soit beau et pur.
        Mon Dieu, faites que le jour de ma mort soit beau et pur,
        Que je prenne les mains de mes enfants dans les miennes,
        Comme le bon laboureur des fables de La Fontaine
        et que je meure dans un grand calme du cœur.

   Les vers de Jammes ont parfois la douceur des chants
du bienheureux François d'Assise, tant ils sont suaves et
religieux. Parfois aussi ils évoquent les premières années de
son enfance, les premiers livres feuilletés, les meubles
familiers, la maison de ses parents. Et voici que revit
pour lui la physionomie d'un grand père. Puis, en feuille-
tant de vieilles lettres de famille, il s'initie tout à coup
aux descriptions d'un pays lointain des Antilles, où l'un de
ses aïeux vécut de longues années. Et il nous fait commu-
nier à sa vie et à ses souvenirs émus par un coffre en bois
de rose que rapporta des îles l'aïeul voyageur, ou par
la senteur d'une dentelle qui reposa jadis sur le sein
d'une grand'mère morte à la fleur de l'âge. Enfin dans sa
prière pour un dernier désir, il demande, comme tout à
l'heure Guérin, non pas la Gloire, mais la sympathie de ceux
qui lui survivront :
        Ma vie sera sans bruit, ma mort sera sans gloire.
        Mon cercueil sera simple avec des villageois
        Et les enfants en blanc de l'école primaire.
        Mon nom seul, ô mon Dieu, sur la modeste pierre
        dira à mes enfants qu'ils peuvent prier là.