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                               PIERRE D ' É P I N A C        I77

contre l'ingérence de l'étranger, le fanatisme des Seize, le
délire de la chaire, la licence inouïe de la presse, mais, pour
Dieu et au nom de la vérité, ne faites pas de cette lutte
grandiose une équipée d'enfants.
    Henri III avait trouvé un mot heureux quand il avait
appelé d'Epinac l'intellect agent de la Ligue. L'archevêque
fut bien, en effet, le cerveau pensant et la tête agissante du
parti. Sans lui, la Ligue aurait vite avorté, ou aurait pris
une direction différente. Plus que tout autre, il a contribué
à la discipliner, à la régulariser en quelque sorte, à lui
donner presque l'apparence d'un gouvernement légal. Il
imposait ses avis au duc de Mayenne, et Henri de Guise
acceptait docilement de sa main une Instruction tracée d'une
main sûre, qui devait préparer, au profit de la maison de
Lorraine, l'avènement d'une nouvelle race, et, en attendant
mieux, faire de lui le maire du palais de la troisième.
    On ne sait bien ni quand, ni comment Pierre d'Epinac se
 mit au service de la Ligue ; il y entra tardivement, cela seul
 est certain; jusqu'en 1588, il n'eut pas avec les Guises de
 rapports étroits. N'oublions pas qu'il était du Conseil royal;
 jusqu'à la veille du guet-apens de Blois, il eut à la Cour
 une situation officielle, et même le roi ne l'avait jamais tant
 caressé, ne lui avait montré plus de confiance. Il venait de
 remuer ciel et terre pour lui obtenir le chapeau. Mais n'était-ce
 pas précisément parce qu'il sentait l'archevêque lui échapper
 qu'il essayait de le reconquérir à force de prévenances ?
 Toujours est-il qu'aux journées de mai 1588, on avait déjà vu
 Epinac auprès du Balafré, se promener ostensiblement avec
 lui dans les rues de Paris, à travers les débris des barricades,
 et partager son triomphe.
    Le roi s'était enfui de sa capitale, où il ne devait plus
  rentrer. Epinac se met aussitôt en campagne, diplomatise à
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