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i68                   PIERRE D'ÉPINAC

l'archevêque de Lyon, primat des Gaules, qui peut nous en
tenir lieu ? Je ne voudrais donc pas faire rigoureusement le
procès à d'Epinac, pour quelques hardiesses de parole.
M. Richard aurait pu dire qu'il a donné par la suite assez
de preuves de son attachement au catholicisme, et de sa
haine des nouveautés religieuses, pour qu'on ne s'arrête pas
à des témérités de jeunesse, quand même elles seraient
démontrées.

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   Le temps des affaires positives était venu pour Pierre
d'Epinac. Chamarrier de Saint-Jean depuis 1558, il entra
peu après en possession réelle de sa charge, et devint doyen
ou chef du chapitre, le 19 janvier 1569, n'ayant pas encore
vingt-neuf ans. On comprend que mon dessein n'est pas de
le suivre dans le détail de ses fonctions. Je ne refais pas sa
biographie ; je suis de très loin son historien, ajoutant les
réflexions personnelles que son livre me suggère, et y mêlant
quelquefois les siennes : ce sont alors les meilleures.
   On croirait à première vue que la sphère d'action d'un
chanoine en dignité était étroite, et les faciles épigrammes
sur les « pieux fainéants » dormant la grasse matinée ne
manquent pas de revenir à la mémoire. La gérance des
choses temporelles du clergé, bien plus vaste et complexe
qu'aujourd'hui, c'était au contraire une excellente école de
haute administration. On a pu remarquer que nos rois
avaient de préférence choisi dans l'Eglise leurs principaux
ministres. Comment d'Amboise, Tournon, Richelieu,
Fleury — et, si on me permet d'ajouter cet exemple, —
Talleyrand, s'étaient-ils préparés à gouverner l'Etat ? Surtout
par le maniement des intérêts du clergé. La situation de