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PIERRE D'EPINAC I 69 l'église de Lyon était d'ailleurs particulièrement difficile depuis que les protestants, en 1562, s'étaient emparés de la ville par un coup de surprise. On les avait délogés, mais ils laissaient des ruines immenses, et tout était à réorganiser. Pendant les dix années qu'il vécut de la discipline canoniale, Epinac s'était assoupli, fait la main ; des voyages l'avaient mis en contact avec la cour. Quand il succéda, en 1573, à son oncle Antoine d'Albon sur le siège primatial des Gaules, il avait déjà un nom, sans être encore célèbre. A-t-il été un grand évêque ? Non pas certainement, dans le sens où nous l'entendrions aujourd'hui, et avec l'idée heureusement plus exigeante que nous nous faisons d'un pasteur d'âmes. Il me semble pourtant que M. Richard aurait quelque tendance à diminuer Févêque au profit de l'homme d'Etat (1). Epinac a presque gardé la résidence, dans la mesure où l'ont permis les affaires politiques dont il a été chargé; il a corrigé des errements, refondu et traduit en français les statuts synodaux de son diocèse, écrit des lettres pastorales. Il a prêché, res miranda populo ! De mémoire d'homme, on ne se souvenait pas qu'arche- vêque de Lyon eût condescendu jusqu'à parler à son peuple ! Même quand les intérêts de l'Eglise, le service du roi et de la Ligue l'ont tenu éloigné de Lyon, il n'a jamais négligé son troupeau. A tout prendre, et si l'on tient compte des habitudes du temps, Pierre d'Epinac fut un pasteur assez zélé. Je pourrais citer un autre Eoré zien qui, archevêque d'Embrun pendant plus de vingt (1) Je trouve, par exemple, excessives des phrases telles que celles-ci : « Il est vrai de dire qu'il ne fut archevêque que par occasion. — Pendant les deux années que dura son exil volontaire, il agit en grand seigneur plutôt qu'en prêtre. »