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128                 L'ACADÉMIE   DE LYON

sur ton sort ». Il est certain, répond froidement Mathon,
que ce décret m'atteint. Le lendemain, 15 novembre, il
eut la tète tranchée.
   Le même jour mourait un autre académicien, Jean-Marie
Roland de la Platière, qui fut député de la Somme à la
Convention nationale et ministre de l'Intérieur, presque
sans interruption, depuis le 15 mars 1792 jusqu'au 23 jan-
vier 1793. Il avait été admis à l'Académie, en 1785, à la
suite de travaux importants sur les manufactures, qu'il
visitait en qualité d'Inspecteur. Sa fin fut mouvementée
comme sa vie. Roland venait d'échapper à la condamnation
des Girondins, le 31 mai, en se réfugiant à Rouen, où il
comptait beaucoup d'amis. Mais ayant appris que sa femme,
qui était restée à Paris, avait été guillotinée le 11 novem-
bre, il quitta sa retraite le 15, à la tombée de la nuit; il
voulait, dans son indignation, aller dire à la Convention
des vérités qu'il croyait utiles, puis se livrer ensuite au
supplice ; mais, en route, il se prit à réfléchir que sa con-
damnation à mort entraînerait la confiscation de ses biens
et la ruine de sa fille, qu'il adorait, il abandonna brusque-
ment son projet et se poignarda à 15 kilomètres de Rouen.
   La Révolution moissonna encore plusieurs têtes dans
l'Académie. Jean-Jacques Millanais (1749-1793) avait été
admis à l'Académie en 1777. Il était alors premier avocat
du Roi au siège présidial et à la sénéchaussée. Député de
Lyon à la Constituante, en 1789, il rentra dans sa ville
natale à la fin de 1791, et y resta avec son frère aîné
Charles-François, qui était imprimeur aux Halles de la
Grenette et lieutenant-colonel d'artillerie pendant le siège.
Charles-François fut fusillé le 18 novembre, et Jean-Jacques
guillotiné le 5 décembre suivant.
  Pierre-Antoine Barou du Soleil (1742-1793) fut aussi
une victime du siège de Lyon. Il avait été admis en 1770