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40                   L'ACADÉMIE DE LYON

Le tableau d'Icare a été exposé sous les yeux des acadé-
miciens, ainsi que trois portraits peints par Mlle Lallié, l'un
à l'huile, les deux autres au pastel et qui offrent chacun un
mérite particulier. Celui qui représente l'auteur se peignant
lui-même, dit le procès-verbal, paraissait en quelque sorte
renouveler sa demande à l'Académie sous des traits et avec
une expression faits pour fixer d'avance tous les suffrages.
Effectivement, le scrutin étant ouvert selon l'usage,
M lle Lallié fut nommée associée à l'unanimité des voix.
   La séance suivante du 31 juillet ne fut guère moins nom-
breuse que celle du 24 ; elle a été à peu près remplie par la
réception de la nouvelle associée. N'oublions pas, d'ailleurs,
que ce fut la dernière fête littéraire de l'Académie. M')c Lallié
prit séance à côté du Directeur, et elle adressa ces mots à la
Compagnie : « Combien il faut que je travaille ! Ce fut,
« messieurs, le seul mot possible à mon cœur, en arrosant
« des larmes de la reconnaissance, la couronne si flatteuse
« et si fleurie que vous avez daigné m'accorder. Vous,
« Messieurs ! Beauharnais ! Du Bocage ! Ah ! Messieurs,
« combien il faut que je travaille! J'ai longtemps à le
« répéter encore ; mais je le sens, je travaillerai. Oui, j'ai
« vu votre grandeur dans tant de bienveillance, et, si mon
« téméraire hommage me valut ce que j'obtins, c'est,
« Messieurs, je le sais, que l'indulgence est le partage de
« ceux qui n'ent ont pas besoin. »
  Le directeur lui répondit : « Mademoiselle, en associant
« vos travaux aux nôtres, vous donnez un nouvel encou-
« ragement à notre zèle, un nouveau but à nos efforts et
« un nouveau prix à nos succès. Nous nous croirons rap-
« proches de ce siècle heureux où les gens de lettres appre-
« naient des femmes, distinguées par leurs lumières, l'art
« de sacrifier aux grâces et d'en parer leurs productions.