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PENDANT LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE 39 rapport fait par les commissaires. Ils ont reconnu, dans les deux derniers portraits sortis du pinceau de cette jeune et intéressante artiste, non seulement une parfaite ressem- blance avec les modèles, mais encore une touche ferme et spirituelle, une couleur franche et vraie, l'effet de la lumière, la vérité des étoffes et cette exécution soignée des détails qui distingua les tableaux de la célèbre Mmc Lebrun, celle de nos artistes modernes qui honore le plus l'école française. Passant ensuite au tableau qui représente Icare se faisant attacher des ailes par son père, les commissaires y ont vu une allégorie ingénieuse sous laquelle l'auteur exprime avec autant de modestie que de délicatesse le désir qvi'elle a d'être associée aux travaux de l'Académie et le droit qu'elle a d'y pi'étendre. Quant au faire et au mérite de l'ouvrage, le rapporteur n'a pas cru pouvoir mieux dire que de citer le jugement qu'en a porté de Boissieu par écrit. De Boissieu a écrit que la figure de Dédale est majestueuse et d'un grand caractère, que celle de son fils Icare rappelle la belle simpli- cité de l'antique, que ces deux figures ont été rendues par Mlle Lallié avec un goût et une fermeté rares chez un artiste de son sexe, qu'enfin elle a su, par un talent non équivoque, racheter ce qui pourrait être susceptible de quelque censure et ce qui ne peut être que le fruit d'une étude impraticable pour une femme. De ces diverses obser- vations, les commissaires concluent que, les muses étant sœurs, l'Académie doit s'empresser d'associer dans ses fastes le nom de Mlle Lallié à ceux des du Bocage et des Beauharnais qui les décorent. On peut penser néanmoins, et la suite le montre bien, que c'était là de la pure galanterie. Le 24 juillet, l'Académie était convoquée extraordinai- rement pour procéder à l'élection. Vingt-trois membres, ce qui ne s'était pas vu depuis longtemps, vinrent à la séance.