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328 INAUGURATION DU MONUMENT du grand prix du Salon de Paris, a réussi à animer le bronze de cette flamme intérieure que voilait la modestie de Soulary, mais qui se dégageait de la profondeur de son regard et de la beauté de son sou- rire. C'est le droit de l'artiste, en effet, de pénétrer jusqu'à l'âme de son modèle pour mettre en relief et en lumière les inspirations qui l'exaltent et les élans qui la transportent. Quant à la jeune Muse qui respire avec une sorte d'ivresse une fleur poétique, elle symbolise à souhait la séduction, l'élégance et le charme de ces œuvres exquises que Soulary ciselait avec amour, comme des joyaux précieux. Nous retrouvons même au coin de ses lèvres la pointe de malice et de fine raillerie dont s'aiguisait la plume des Rimes ironiques. Après avoir remercié les souscripteurs et la municipalité de leur générosité, l'orateur termine ainsi : Les passants qui rencontraient jadis Soulary sur cette route familière, conduisant à son ermitage de la rue des Gloriettes auront la satisfaction de le retrouver vivant dans ce bronze consacré à sa mémoire désormais immortelle. M. Gailleton, au nom de la Ville de Lyon, remercie le Comité d'avoir doté notre ville d'une œuvre aussi artistique, qui glorifie un de ses plus illustres enfants. M. Morin-Pons, ancien président de l'Académie de Lyon, s'avance alors : Messieurs, dit-il, plus de quatre ans se sont écoulés depuis que nous avons rendu les derniers devoirs à Soulary. J'ai présente encore à la mémoire l'émotion sincère que Lyon ressentit à cette époque. Il y eut chez nos concitoyens comme un remords d'avoir négligé pour ne pas dire méconnu, l'homme qui avait apporté sa part à l'illustration de notre •ville. Chacun pouvait s'avouer plus ou moins en faute; ce n'est pas que le poète n'eût vu se grouper autour de lui un petit cénacle d'esprits cultivés et délicats dont l'assiduité fidèle le consolait d'un certain aban- don du public, mais il faut bien le reconnaître, la foule était voisine de l'indifférence.