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CLAIR TISSEUR 255 vulgaire ? Ne voyons-nous pas revivre ainsi toute la Société lyonnaise de l'ancien régime dans son Testament d'un Lyon- nais au XVIIe siècle, dans Marie Lucrèce et le grand couvent de la Monnoie, et même dans ce Noël satirique, en patois lyonnais, dont il a fait un commentaire si achevé, qu'il devra être consulté par tous ceux qui voudront aborder l'étude de la vie et des mœurs, dans notre ville, au commen- cement du xvm e siècle ? D'assez bonne heure aussi, C. Tisseur avait abordé la littérature. Ainsi publia-t-il d'abord, en 1866, une nouvelle intitulée : Histoire d'André, tirée à petit nombre et non mise dans le commerce. Mais l'ouvrage parut sous le voile de l'anonyme. Et l'auteur lui-même nous en donne la raison : « Un architecte, faire des romans, même sous un nom de « guerre, c'eût été trop fort! » En quoi, Tisseur nous montre qu'il connaissait bien le caractère lyonnais. Le Lyonnais sait, en effet, admirer le talent et lui rendre hommage, mais il est exclusif et ne comprend guère que les spécialités; à ses yeux, un artiste ne saurait être ni un savant, ni un poète. Cela nous explique comment, sauf pour un bien petit nombre de ses ouvrages (1), Tisseur a publié toutes ses œuvres sous un pseudonyme. Ce pseudo- nyme a varié à l'infini, et il serait difficile d'en faire con- naître les formes diverses. Mais le plus fréquemment employé et que tout le monde connaît est celui de Nizier du Puitspelu, nom emprunté à un quartier du vieux Lyon, et bien placé sur le frontispice de tous ces livres, destinés à nous faire connaître les vieilles mœurs lyonnaises. Mais que dut-on penser, plus tard, quand, au lieu d'une (1) Joseph Pugnon; Pauca paucis; Modestes observations sur t'art de ver- sifier ; Au hasard de h pensée.