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 478                       CHRONIQUE LOCALE

      — Le mercredi, 21 novembre, à l'ancienne salle de la
   Bourse, au Palais-des-Arts, a eu lieu, avec une solennité
   inaccoutumée, la rentrée des Facultés de Théologie, de Droit,
   de Médecine, des Sciences et des Lettres et l'inauguration
   de cette Faculté de Médecine, demandée depuis tant d'an-
   nées et obtenue à la suite de si longs efforts.
      Depuis le samedi 17, une brillante inscription : FACULTÉ
   DE MÉDECINE, avait remplacé la modeste indication d'Ecole de
  Médecine au-dessus du portail de l'Hôtel-Dieu donnant s u r la
  rue de la Barre. C'était une prise de possession chère aux
  Lyonnais.
      A la séance du Palais-des-Arts, MM. Chauffard, inspecteur
  général; Dareste de la Chavanne, recteur de l'Académie;
  Lortet, doyen de la Faculté de Médecine, et Caillemer, doyen
  de la Faculté de Droit, ont pris successivement la parole
  devant une foule nombreuse qui n'a pu toute trouver place,
  et ont été écoutés et applaudis comme devaient l'être d'aussi
  éminents professeurs.
     — Le jeudi, 29 novembre, La Société de géographie de
  Lyon a donné sa séance annuelle, au Palais-des-Arts, dans
  la salle de la Faculté des Sciences. Une société nombreuse,
  qui comptait pour le moins autant de dames que de mes-
 sieurs, et surtout beaucoup de jeunes filles armées de leurs
  cahiers de notes et de crayons, était accourue pour entendre
 la parole sympathique du jeune docteur Lortet, qui avait
 choisi pour sujet de discours : la Géographie physique de la
 Palestine et de la Syrie.
     Après le compte-rendu assez aride des travaux de l'année,
 par M. le Président, la société a prêté toute son attention au
 récit coloré du voyageur qui a dépeint à grands traits les
 deux célèbres contrées si précieuses dans l'histoire de l'hu-
 manité : la Syrie, bornée au nord par le Taurus; au couchant,
 par la Méditerranée; au levant, par le désert arabique; au
 midi, par la Palestine, et qui offre à l'admiration du monde :
 l e c o u r s d e l ' O r o n t e , le Liban, leCarmel, PAmanus, porte de
 la Syrie, par où ont passé tous les conquérants, et les villes
 de Tripoli, Antioche, Alep, Damas, Tyr, Sidon, Alexandretle,
 Latakié, Beyrouth et cette Saint-Jean-d'Acre qui, presque
 de nos jours, vît échouer la fortune de Bonaparte. Ajouter les
ruines de Palmyre et do Balbock, n'est qu'indiquer à vol
d'oiseau les richesses historiques de cette merveilleuse con-
 trée.
     Décrire la Palestine, c'est citer Jérusalem qui évoque tout
un monde de souvenirs, Bethléem, Nazareth, Jéricho, Joppé,
Ascalon, Gazza, Samarie, Naplouse, le Jourdain, le lac de
Tibériade, la mer Morte, dans une dépression de 400 mètres
au-dessous de la Méditerranée. On se croirait sous l'influence
d'un rêve, et à ces noms sacrés, il semble qu'une voix crie :
« Tu connais tous ces lieux ; tu les as vus quand tu étais sur
les genoux de ta mère, dont la tendresse et l'amour t'ini-
tiaient, à ton entrée dans la vie, au culte du beau et du vrai. »
En effet, quel est l'homme en France qui no regarde pas la
Palestine comme une seconde patrie, arrosée du sang des