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438                      UN POÈTE OUBLIÉ

    Nous aimons à penser, car l'histoire est muette à cet
égard, que le gentilhomme savoisien ouvrit sa bourse,
que Mermet ne vendit pas son compagnon de route et
qu'il put rentrer fièrement dans ses montagnes, plus
riche de gloire, mais tout aussi bien équipé que lorsqu'il
était parti.
    La vie d'un écrivain -le province est rarement acci-
dentée. Mermet, occupé par les devoirs de sa charge,
partageait son temps entre les affaires et la littérature.
Quand il eut rempli ses portefeuilles, il revint à Lyon
pour se faire de nouveau imprimer, mais, éclairé par
l'expérience, il prit ses précautions pour n'être pas à
 charge à ses amis.
     Sans renoncer à son office, nous le voyons, en 1583,
 faire un assez long séjour dans notre ville, pour sur-
 veiller l'impression des deux ouvrages qui ont assis à
jamais sa réputation.
     Le premier fut sa grammaire, que, depuis son princi-
 palat, il n'avait cessé de perfectionner.
     Il la fît paraître sous ce titre :
     La pratique de Vorthographe française, avec la ma-
 nière de tenir livre de raison, coucher cédules et lettres
 missives         composé par Claude Mermet, escrivainde
 Sainct-Rambert en Savoie(l), Lyon, BasileBouquet, 1583,
 in-16, de 315 pages.
     Cet excellent livre n'est point le premier ouvrage
  grammatical donné à la littérature française, ainsi que
  l'avance le Dictionnaire universel, à la suite de quelques
  auteurs. Les travaux de Palsgrave , de Sylvius, de
  Meigret, de Ramus, de Robert Estienne, sont antérieurs,



      (1) Notre auteur est encore à Saint-Rambert et non à Chambéry.