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CLAUDE MERMET 438 Lyonnais ; ajoutant que l'Auvergne où régnait l'abon- dance, n'était par si éloignée qu'on ne put facilement s'y adresser. A cette résistance inattendue,un nuage s'éleva entre la cour du roi et les bourgeois de la cité. Bientôt la ville fut remplie de sinistres rumeurs ; on parlait d'accapare- ments,de marcliés honteux faits aux dépens de la détresse publique, de fortunes rapides édifiées par des achats de denrées, quand le peuple mourait de faim; les esprits se montaient. Inspiré par la circonstance, Mermet écrivit un poème qui fut aussitôt livré à l'impression. Il conte- nait environ cinq cents vers ; en voici le titre. « La Boutique des usuriers, avec le recouvrement et abon- dance de bleds et vins; composé par M. Claude Mermet, notaire ducal de Sainct-Rambert enSavoye (1). Lyon, Jean Pichard, 1574, petit in-8. » L'effet en fut immense et tout Lyon répéta bien- tôt : « L'année passée, épouvantable chose • Nous apparut, par la métamorphose Du ver^e beau, cler et resplendissant, En un bassin Je cuivre mal plaisant ; Et puis les vins, desquels bevions l'élite, Muez en vins à quantité petite ; Et que pis est, par force et non par droit, Les bons beveurs furent, en maint endroit, Si étonnés, et hors de leur mémoire Qu'il leur falloit de l'eau pure pour boire, Et par défaut de l'enfant du raisin Furent contraints déjouer du bassin. Puis après avoir décrit et déploré cette détresse de (1) Mermet s'intitule notaire ducal à Saint-Rambert; il n'était donc pas à Chambéry.