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SUR LES OUVRAGES PRÉSENTÉS PAR M. CHEVR1ER 417
teur, —et déjà on se dispute ses œuvres. Dès son enfance ,
il montra les plus heureuses dispositions pour les arts. Au
collège Henri IV, où il fit ses études, on le surprenait sou-
vent, dès ses jeunes années, à faire les portraits et les charges
de ses camarades et même des redoutables pions. Malgré leur
surveillance, il crayonnait des têtes et des académies, des
allégories ou des vues prises de sa fenêtre. Son professeur,
le célèbre Lemire, loin de le gronderde négliger ses thèmes
et ses versions, l'encourageait, et lui décerna même le prix
de tête, sans avoir concouru.
En 1835, il recevait le diplôme de bachelier ès-lettres.
En lisant ses dissertations historiques et archéologiques, si
pleines de science et de savoir, on voit facilement qu'il avait
fait d'excellentes études et s'était rendu familier avec nos
grands auteurs classiques de l'antiquité.
A son retour à la maison paternelle, son père le plaça Ã
côté de lui dans son grand commerce. Un pinceau et un
burin eussent peut-être mieux fait son affaire si on eût
consulté ses goûts. Mais son père était à la tête d'une
grande et opulente maison de commerce, et il tenait néces-
sairement à la transmettre à son fils aîné. Mais la folle reve-
nait souvent au logis, et je crois l'avoir surpris plus d'une
fois pendant ses heures de bureau à penser, in petto, Ã
quelque fibule antique ou à un vase de bronze qu'il avait
trouvé, le matin, dans quelque fouille, avant l'heure de
l'ouverture du magasin. Toutefois son père l'envoyait, cha-
que année, dans nos principales villes manufacturières pour
y faire des achats pour le commerce.
Ces excursions étaient autant de fêtes pour lui. En par-
tant, il glissait, en cachette, comme je vous l'ai déjà dit,
dans sa poche, sous son calepin destiné aux affaires, des al-
bums qu'il remplissait des plus charmants croquis et de notes
scientifiques à Paris, à Rouen, à Amiens, à Reinis, dans les