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RENÉ DE 1ÙCINGE 385 plie par ses soldais, alors seulement il laisse panser ses blessures. Puis avec sa part de butin, il fait la fortune de Pedro et se l'attache pour toujours. René fit parvenir à Malte des vases sacrés, des bannières et des croix d'or, en sorte que tous ces objets laissés dans les églises de l'île rentrèrent dans les trésors de la religion ; le g r a n d - m a î - tre se hâta, d'offrir aux forbans une forte rançon pour René de Lucinge, mais tout fut refusé. Cependant le bruit de la victioire d'Occhioli se répandit en Europe et tous les regards se fixèrent sur cet inconnu vengeur des chrétiens. Quelques mois plus tard, le conseil déclara à Occhioli qu'un grand siège était résolu, celui de Nice, où Philibert- Emmanuel passait l'hiver avec toute sa jeune noblesse. René frémit à la pensée de revoir Marg-uerite de France : «Il n'est, dit-il, aucune puissance humaine qui m'oblige de combattre mon roi légitime; spectateur impassible du combat, mon nom seul frappera vos ennemis comme un épouvantail; je proteste contre cette guerre impie et bar- bare qui n'a d'autre motif que le pillage et les plus mépri- sables passions. Reprenons plutôt des forces, et je vous conduirai sous les murs de Constantinople chercher de nou- velles victoires. » La voix de René ne fut point entendue, et tout se prépara pour porter le feu et la flamme dans la paisible cité de Nice. Cependant le soleil disparaissait au couchant, un soir du mois de février, lorsque les vaisseaux des pirates se mon- trèrent à l'horizon. Tous les habitants de Nice se précipitè- rent sur la grève ; le nom redoutable d'Occhioli se répéta de bouche en bouche, et la terreur fut à son comble. Le duc de Savoie 3e prépara au combat, et l'armée et le peuple se disposèrent à une courageuse défense. Philibert-Emmannuel était un des hommes les plus re- 15