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mis 373 cérémonies funèbres, les prières et les dernières ablu- tions, les assistants s'accroupissent autour de la tombe et un parent du mort distribue à chacun un petit pain et une poignée de figues. Je faisais des réflexions sur ce repas funèbre, lorsqu'il me sembla apercevoir près de la tombe qui venait d'être comblée, une touffe filamen- teuse garnie de fleurs bleues. Je ne pouvais en croire mes yeux, j'avais devant moi l'Iris flliformis ! et comme Tantale dévoré d'une soif ardente au milieu des eaux, je n'osais et ne pou- vais m'approcher, dans des circonstances aussi gra- ves et aussi étranges. Je rôdai donc autour de l'enclos pour profiter de l'absence des assistants afin de pouvoir cueillir la précieuse plante ; mais hélas ! après deux heures d'attente, les parents et amis ne faisaient pas mine départir, et je crois qu'ils passèrent la nuit près de leur mort, et comme ma présence eût fini par faire naître des soupçons, je me retirai en ruminant de quelle ma- nière je pourrais m'y prendre pour arriver à mon but. Je ne pouvais pas espérer pouvoir aller gratter en plein jour dans un cimetière sans être accusé de vouloir déterrer les morts ; y venir le soir, était chose fort sca- breuse ; je ne savais à quel moyen m'arrêter ; je rentrai tout pensif au fort. Je rencontrai heureusement un des turcos qui m'avait servi de guides, homme à ressource, et ne reculant devant aucun danger. Je n'hésitai pas, et lui expliquai le besoin que j'avais de cette plante pour guérir certaines maladies. Comme il m'avait vu ramas- ser des herbes, j'étais'donc à ses yeux un Thà bis, médecin savant, et à ce titre je lui inspirai une certaine vénéra- tion. Je le consultai sur les moyens à prendre pour en- lever ce trésor, sans cependant passer pour violer l'asile des morts. Après bien des combinaisons, il fut convenu