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   cérémonies funèbres, les prières et les dernières ablu-
   tions, les assistants s'accroupissent autour de la tombe
  et un parent du mort distribue à chacun un petit pain et
  une poignée de figues. Je faisais des réflexions sur ce
  repas funèbre, lorsqu'il me sembla apercevoir près de
  la tombe qui venait d'être comblée, une touffe filamen-
  teuse garnie de fleurs bleues.
      Je ne pouvais en croire mes yeux, j'avais devant moi
  l'Iris flliformis ! et comme Tantale dévoré d'une
  soif ardente au milieu des eaux, je n'osais et ne pou-
  vais m'approcher, dans des circonstances aussi gra-
 ves et aussi étranges. Je rôdai donc autour de l'enclos
 pour profiter de l'absence des assistants afin de pouvoir
 cueillir la précieuse plante ; mais hélas ! après deux
 heures d'attente, les parents et amis ne faisaient pas mine
 départir, et je crois qu'ils passèrent la nuit près de
 leur mort, et comme ma présence eût fini par faire naître
 des soupçons, je me retirai en ruminant de quelle ma-
 nière je pourrais m'y prendre pour arriver à mon but.
     Je ne pouvais pas espérer pouvoir aller gratter en
 plein jour dans un cimetière sans être accusé de vouloir
 déterrer les morts ; y venir le soir, était chose fort sca-
breuse ; je ne savais à quel moyen m'arrêter ; je rentrai
tout pensif au fort. Je rencontrai heureusement un des
turcos qui m'avait servi de guides, homme à ressource,
et ne reculant devant aucun danger. Je n'hésitai pas,
et lui expliquai le besoin que j'avais de cette plante pour
guérir certaines maladies. Comme il m'avait vu ramas-
ser des herbes, j'étais'donc à ses yeux un Thàbis, médecin
savant, et à ce titre je lui inspirai une certaine vénéra-
tion. Je le consultai sur les moyens à prendre pour en-
lever ce trésor, sans cependant passer pour violer l'asile
des morts. Après bien des combinaisons, il fut convenu