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HEVÉ DE LDC1NGE 317
je venais de tuer un homme de l'âge de mon père. Deux
de mes amis me forcèrent à fuir. Mon frère répandit le
bruit qu'une affaire me rappelait en Savoie, et la mort du
roi de France étant arrivée peu de jours après mon dé-
part, les conjectures sur la mort du marquis furent
étouffées par la gravité des événements. Voilà , mon oncle,
ma déplorable histoire ; je viens me confier à votre merci.
Le sévère Aymon exprima à René toute la douleur que
lui causait son récit.
— Jeune homme, lui dit-il, vous avez été imprudent et
coupable, et vous en êtes bien puni aujourd'hui. Vous ne
pouvez plus vous présenter à la cour, et les fils du mar-
quis de Seis ont le droit de vous demander satisfaction.
Eloignez-vous, voyagez en Italie ; voulez-vous de l'ar-
gent, des hommes d'armes ? je puis vous en fournir. N'at-
tendez rien de votre père, je n'espère pas le fléchir. Il
croit l'honneur de sa maison compromis, et ne vous par-
donnera jamais. Hélas ! que n'avez-vous encore votre
mère, mon angélique sœur, Blanche de Groslée ; elle
vous tenait dans ses bras, lorsqu'un peintre flamand fixa
pour moi, sur la toile, ses traits charmants. Elle seule
aurait pu vaincre l'orgueil blessé de votre père.
EUGÉNIE D'ORGEVAL DUBOUCHET.
(A Suivre).