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                      RENÉ DE LUCIKGE                     315

    -••- Insensé ! exclama le vieux chevalier.
    — Bientôt ne vivant plus que pour aimer et adorer la
 princesse, je suivis ses pas en tous lieux. Je contem-
plais ses cheveux couleur d'or, ses yeux bleus si tendres,
 si doux, animés par le noble orgueil d'être l'épouse d'un
 héros, et j'admirais tout cet ensemble de qualités char-
mantes qui font de Marguerite de Valois la merveille de son
siècle. Bientôt, perdant la tête, je voulus lui dire une fois,
une seule fois, que je l'aimais pour toujours, que je vou-
lais mourir pour elle en l'adorant, puis tout quitter pour
m'enfermer dans une retraite inaccessible aux hommes,
pour vivre avec mon amour.
    — 0 jeunesse, jeunesse ' interrompit d'une voix grave
le comte de Groslée ; passions fatales et terribles !
    — Le moment dangereux que je désirais ne vint que
trop tôt ; un bal fut donné à Fontainebleau ; le temps
était magnifique ; les terrasses furent éclairées par des
milliers de lampions. Une fête féerique eut lieu. Rien ne
peut donner l'idée de la richesse des costumés : toute la
jeune noblesse française se distingua par une élégance
de bon goût. Des femmes, belles encore auprès de Mar-
guerite, remplissaient ces jardins, parfumés d'orangers
comme ceux de Se ville, de leur gaHé et de leurs danses
folâtres. Catherine, qui adorait les fêtes, les plaisirs et
l'intrigue, avait organisé cette soirée , qui lui rappelait
 celles de sa voluptueuse patrie. Partout le plaisir favori-
sait tde dangereuses passions et de mystérieux aveux.
Eperdu, hors de moi, je contemplais Marguerite, plus
belle, plus séduisante que jamais. Elle portait une robe
en damas de cette couleur aurore que lui ont consacrée
les poètes. Des rubis ruisselaient sur sont front et sur sa
poitrine ; ses beaux bras s'arrondissaient autour de sa
têtej en soutenant une guirlande dont elle enlaçait le