page suivante »
LA BIBLE DE THÉODULFE 291 portent que la découverte de cette couleur est due à un chien qui, ayant mangé de ces coquilles, paraissait avoir la gueule ensanglantée, et qu'ayant rencontré une femme velue de blanc, il se précipita sur elle et la mordit. Elle fut accusée de meurtre ; mais son innocence fut reconnue : les recherches amenèrent à découvrir la vé- rité et l'origine de la couleur en même temps. Une autre pourpre, un peu moins estimée que celle de Tyr, était celle de Tarente, qui était violette; elle provenait aussi d'un coquillage connu sous le nom de Kerix : c'est celle dont sont teintes les pages de la Bible. Entre la pourpre rouge et la pourpre violette, il y avait tout une gamme de nuances, depuis le cramoisi et arrivant jusqu'à l'améthyste ou l'hyacinthe, qui n'était autre que la pour- pre de Tarente très-claire. On retrouve souvent dans les livres saints la description de vêtements couleur hyacin- the. Ce qui expliquerait pourquoi la pourpre violette fut adoptée de préférence par le clergé ; néanmoins la pour- pre écarlate a toujours été l'apanage des hauts dignitai- res ecclésiastiques. IV Après avoir de'crit de mon mieux l'intérieur de ce merveilleux manuscrit, je terminerai par en décrire la couverture. Elle était sans doute incrustée de pierres précieuses, dont il ne reste que la trace dans les places qu'elles ont occupées. Quelques clous d'argent doré exis- tent encore. Le velours du vm e siècle, dont il reste quel- ques lambeaux, est un velours uni pourpre de Tyr à fond sergé. Il est aujourd'hui recouvert par celui de 1511, qui a tout l'éclat du cramoisi fin teint à la cochenille ; le fond est un gros de Tours, ce qui me fait croir qu'il «