Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                      MON AMI GABRIEL                    147

   — Ah ça! s'écria Charles en jetant au feu le bout de
son londrès, nous ne sommes ici ni au palais ni à la
Chambre, et, pour peu que cela continue, j'irai causer
de chiffons auprès de ces dames.
   — C'est vrai ! dit Vimeux ; mais alors dites-nous
 quelque intéressante nouvelle.
   — Vous savez comme moi que les nouvelles sont rares
 à Dijon.
   — Elles sont toujours nombreuses pour un homme
aussi répandu que vous l'êtes. À propos, avez-vous ren-
contré dans l'avenue cette femme qui se promène tou-
jours seule ?
   — Dans l'allée gauche ?
   — Justement. La connaissez-vous ?
   — Non. Elle n'est pas de la ville.
   — Je lui trouve môme une expression étrangère.
   — Dites étrange, quoiqu'elle ait dû être remarqua-
blement belle.
   — Cette femme, ajouta Vimeux, me paraît souffrante
ou malheureuse.
   Lorsqu'elle marche à pas lents, elle regarde sans cesse
si quelqu'un vient, et dès qu'on s'approche, elle semble
vouloir se dissimuler. Je l'ai vu entrer deux fois à l'Hôtel
du Parc, qui est à proximité de l'avenue. Je suppose
qu'elle y demeure.
   — Ah ! dit le docteur Albert qui avait écouté attenti-
vement cette conversation, je la connais, je suis son
médecin.
   — Comment se nomme-t-elle ?
   — Je ne sais pas. Pour moi, comme pour les gens de
l'hôtel, c'est la dame du n" 16... Elle occupe trois
pièces au deuxième étage avec sa gouvernante. Elle m'a
dit seulement qu'elle vit loin de son mari depuis quatre