page suivante »
UN LYONNAIS A L'iLE DE Ï.ÉREINS 137 ce de s'appocher de cette cave entendaient le diable en personne venant visiter son ami et que des cris affreux mêlés à des airs* lugubres de Violdri,''jetaient les âmes les mieux trempées dans d'épouvantables terreurs. Son pauvre fils Àchillmï voulut alors faire transpor- ter le corps de son père à Marseille ; mais la municipa- lité phocéenne s'y opposa sous prétexte qu'étant mort du choléra, il apporterait la peste daus la cité. On dirigea donc ce pauvre mort sur Gênes, sa patrie, où régnait alors le choléra; il n'y avait donc pas'à s'at- tendre à un refus de ce côté-là; mais l'autorité génoise sous le coup de la terreur de la contagion ne voulut pas le recevoir dans la crainte à.'aïjgraver la peste. Enfin de guerre lasse, il fut transporté à Cannes où l'entrée du cimetière lui fut encore refusée par la ïnùni- cipaJité épouvantée. Le fils, affolé de désespoir, restait avec son illustre cadavre sans savoir où il pourrait le déposer, lorsqu'un de ses amis eût là lumineuse idée de lui proposer de l'enterrer dans l'îlot de Saint-Féréol où per- sonne ne viendrait troubler le repos du grand homme, ce qui eut lieu dans le plus grand secret et nuitamment. Ce fut en 1845 que Paganini fils vint, accompagné de deux amis, quérir les restes de l'artiste, qui avait émer- veillé le monde, pour le transporter à Gènes dans la villa Gajona où il repose en paix depuis cette époque. C'étaient les messieurs de Paris dont notre pêcheur nous avait raconté l'expédition. Ici se termine ce que j'avais à vous dire sur Léreins, je compte, cher maître,'que vous excuserez celui qui, pour vous plaire, s'est exposé à ennuyer vos lecteurs lyonnais en les faisant passer de saint Honorât, un des plus grands saints des temps anciens, à Paganini, un des plus merveilleux artistes des temps modernes. PAUL ETMARD.